Douloureusement attentionné
Datte: 04/07/2019,
Catégories:
fh,
couple,
amour,
fdomine,
cérébral,
revede,
pénétratio,
jeu,
fouetfesse,
confession,
revebebe,
Auteur: Collectif Antilogies, Source: Revebebe
... trompaient, figeant nos émotions.
Nous avons été à Bordeaux. Et ce voyage aux Seychelles dont elle rêvait tant, nous l’avons fait, grâce à sa somme d’euros accumulés dans ce vieux cochon de plâtre. Aujourd’hui, je ne flirte plus qu’avec la mort. Claire à mes côtés, fidèle, même si je ne la comble plus autant que par le passé. Je sais sa douleur, spectatrice de me voir ainsi la proie de cette saloperie qui me ronge le bide.
Je remercie le ciel qu’elle ne soit pas à ma place. Sa capacité de résistance à la douleur aurait eu raison de sa vie. Le cancer aurait eu le mot de la fin ; décelé trop tard, fatal pour elle, avant la première hospitalisation. Lors d’une interview, feu Robert Hossein avait confié de Candice : « Si je ne vivais pas avec elle, elle me manquerait, même si je ne la connaissais pas.»
Pourvu qu’à moi, la mort laisse encore le répit d’une éternité, car là où je dois aller, Claire me manquera beaucoup trop ; je vivrai l’enfer.
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L’homme sans cœur
Je suis un être biomécanique. Voilà huit mois, on m’a greffé un cœur artificiel, constitué de deux groupes motopompe autonomes en titane recouverts de matériaux hémocompatibles, pilotés par une électronique de pointe reproduisant le fonctionnement du muscle cardiaque. Oui, nous sommes bien en 2013, pas en 2030, et je suis le premier des cinq patients équipés par le professeur Charpier, au terme d’une opération de deux heures trente qui aura tenu en haleine les cardiologues du monde entier, ainsi ...
... qu’une bonne part des financiers de Wall Street. Une demi-réussite, vu que nous ne sommes plus que trois à être encore en vie. Il serait plus correct de dire en « état de survie »… Je ne me plains pas, l’équipe médicale fait tout ce qu’elle peut pour m’être agréable.
Insuffisant cardiaque à 29 ans, j’étais condamné à brève échéance : il ne me restait que quelques semaines à vivre, quelques mois au mieux. 4 000 greffons chaque année pour 100 000 malades dans le monde, ça voulait dire une chance sur cent de s’en tirer. J’avais déjà accepté mon sort, je m’étais résigné… si tant est que ce soit possible. On a toujours un espoir, l’espoir d’un espoir, un quelque chose d’infime à quoi se raccrocher. Plus pour ceux qui nous entourent, d’ailleurs – la famille, les amis – que pour soi-même. À voir succomber les autres autour de soi, on perd peu à peu la force d’y croire. Comme ces prisonniers dans le couloir de la mort, j’imagine.
J’étais le candidat idéal pour cette opération de la dernière chance, j’allais ouvrir la voie à toute une série de malades en attente de greffe et, même si je ne survivais pas, je passerais à la postérité… Voilà pour la partie positive du discours. La réalité, c’est que même quand on a très peu à perdre, on s’y accroche farouchement. Et le fait que la recherche sur le cœur artificiel ait plus d’un demi-siècle d’existence (je sais, ça paraît dingue !) ne me rassurait pas plus que ça. La plupart du temps, ce rêve s’est terminé en cauchemar, en boucherie ...