1. Le symposium


    Datte: 09/09/2023, Catégories: fh, extracon, hotel, Collègues / Travail amour, regrets, extraconj, Auteur: Patrick Paris, Source: Revebebe

    ... qui paye. Je n’ai même pas vu la facture.
    — Je croyais que ton patron était un peu pingre. Mais il a trouvé une solution, non ?
    
    Où veut-il en venir ? Je tremble, en essayant de masquer mon trouble pour ne pas me trahir. Il clique sur un message ancien que je n’ai pas encore eu le temps de lire :
    
    — Regarde, le premier jour tu as reçu un message de l’hôtel… Attends, je l’ouvre… Voilà. Il t’annonce que ta chambre ayant été annulée, tu seras recréditée sans frais de ta réservation.
    
    Je reste sans voix, la gorge nouée. Il continue d’un ton trop calme :
    
    — Sympa l’hôtel, accepter une annulation de dernière minute… Je voudrais seulement savoir dans quelle chambre tu as passé tes nuits, dans quel lit tu dormais ? Dans celui de ton patron ou dans celui du bel allemand. Dans celui de Vincent ou dans celui de Kurt ? Ou peut-être dans les deux à tour de rôle ?
    — Tu es fou, que vas-tu imaginer ?
    — Je n’imagine rien… je t’écoute. Tu n’es pas allée dormir sous les ponts. Alors, avec qui passais-tu tes nuits ?
    
    Voyant son regard dur, son ton incisif, je comprends qu’il n’a aucun doute, il sait. Il sait depuis le début. En un éclair, je réalise qu’il savait quand je l’appelais le soir, pire il savait quand j’ai oublié de l’appeler. Témoin de mes mensonges, il a dû souffrir en m’imaginant, ça, je ne l’ai jamais voulu.
    
    J’éclate en sanglots et me jette dans ses bras :
    
    — Pardon, mon chéri, pardon… J’ai honte. Je vais t’expliquer.
    — Est-ce bien utile ? dit-il en me ...
    ... repoussant.
    
    En pleurant, je lui avoue tout… Je cherche mes mots, tout s’embrouille dans ma tête… Comment mon patron m’avait draguée ? Comment j’avais été troublée et que j’avais répondu à ses avances… ? Que je voulais tout arrêter, mais qu’il m’avait piégée en annulant ma chambre ! C’est vrai, j’aurais dû réagir… Je lui dis aussi mes remords tous les soirs… Enfin ma décision… le retour en avion… En bafouillant, je jure que maintenant tout est fini, que c’est pour ça que j’aurais aimé le voir à l’aéroport. Dix fois, je lui répète que je n’ai jamais cessé de l’aimer.
    
    Alain ne dit rien, prostré dans son fauteuil, le regard fixe. Je ne l’ai jamais vu aussi triste. Je préférerais qu’il laisse éclater sa colère, qu’il m’insulte, je le mérite. Tout plutôt que le voir si calme.
    
    Les minutes passent. Je vais me coucher, seule, sans pouvoir trouver le sommeil. Avais-je tout gâché, avais-je détruit notre couple ? Je m’en veux de ma faiblesse, mais plus que ma faiblesse, c’est ma désinvolture à tromper Alain que je n’arrive pas à comprendre. Comment avais-je pu l’oublier si vite, comment avais-je pu penser que ce n’était pas grave tant qu’il ne savait rien ?
    
    Je le retrouve le lendemain à la même place, enroulé dans une couverture.
    
    Dimanche morose, nous ne nous parlons pas de la journée. Je vois bien qu’il est mal, je m’en veux. Parfois, j’ai l’impression qu’il veut me parler, il hésite, il me regarde à la dérobée. Pas une seule fois, je ne décèle de l’animosité dans son ...