Cruauté féminine - Histoires de Sexe

Cruauté féminine

... une occase, va-t’en savoir… Faut toujours tenter sa chance. C’est qui le con qui a dit ça ? Un grand penseur, encore. Encore un.

— Bonsoir. Je peux vous poser une question ? C’est quoi votre poison, là ?
— Bonsoir. C’est une vodka.
— Ah ben… on va dire que c’est pas le bon moment de faire la pub à ces connards de Russes, mais bon… C’est juste de la politique. On pourrait se tutoyer, ce serait plus simple. Je m’appelle Tim. En vrai, c’est Timothée, mais j’aime pas. Ça fait un peu tarlouze. Efféminé, quoi. Et toi ?

C’est presque un sans faute sur mon petit calepin de barèmes. À part que je préfère les bruns. Ou plutôt, les cheveux noirs, bruns, c’est un peu vague. Lui, il est blond. Je dirais trente, trente-cinq ans. Yeux noisette et traits taillés à coups de serbe. Barbe de trois jours et la si fameuse fossette fichée sur un menton carré. Une gueule de baroudeur de BD. Grand et bien fichu. Le genre costaud naturel. Un beau mec vraiment. Et c’est dommage. C’est toujours un peu dommage de tomber sur un con, mais quand il est canon à ce point, on frôle le drame.

— C’est de la Beluga. La meilleure des vodkas polonaises. Je m’appelle Juliette.

Bien sûr que non. Elle est Russe. L’une des meilleures, et ça c’est vrai.

— Les Polonais font de la vodka ? C’est vrai que ça picole sec chez eux aussi. Le communisme, ça doit saouler à force. Humour, bien sûr. C’est joli, Juliette. C’est sûr que tu donnes envie de s’appeler Roméo.
— Roméo et Juliette ! C’est bien ...

... trouvé…

Rien que pour mon sourire et pour mon regard amusé, je vais me lancer dans des castings pour décrocher un rôle dans l’industrie cinématographique. Encore qu’il n’est pas dupe mon roi de la drague. C’est heureux, où l’on parlait alors de déficience intellectuelle. Alors qu’il est simplement con.

— Allez ma jolie… Je t’offre un autre verre. On marche pas sur un pied, comme on dit… Tu fais quoi dans la vie ? Je suis dans l’informatique.
— Oh… Merci, c’est gentil. Ça doit être compliqué l’informatique.
— Ingénieur informaticien. Stressant, oui.

Il n’en a absolument rien à fiche, mais moi, j’ai très envie de lui parler de mon métier.

— Moi je suis caissière à Carrefour. Mais je ne compte pas faire ça toute ma vie et j’espère décrocher un poste chez… Non, je plaisante…

Quel sourire charmeur je peux avoir, moi ! C’est fou ! Je m’impressionne parfois.

— Ouais le sketch des Inconnus. Tu as de l’humour. J’adore les femmes qui ont de l’humour. C’est trop rare.

C’est sûr. C’est un peu comme les hommes délicats dans un bar après vingt-deux heures.

— Je suis secrétaire. Secrétaire de Direction en fait. J’ai toujours préféré savoir où mener ma carrière.

Celle-là était certainement trop fine pour lui. Encore qu’il fait une fixette sur mes cuisses depuis un petit moment. Il ne peut pas tout faire non plus le malheureux.

Un collector. Je ne vois que ce mot. Encore que c’est ce type, le véritable collectionneur. Xénophobe et certainement raciste. Un terme obsolète, ...