D'une terre à une autre - Histoires de Sexe

D'une terre à une autre

... D’autres hommes, ceux-là peu enclins à respecter une loi, quelle qu’elle soit, accompagneraient les quatre dévoués avocats d’Aylin. Une simple précaution. Au cas où certains esclavagistes ne fassent la sourde oreille. Oreille qu’ils perdraient, en plus de leurs misérables existences. Romuald détestait ses engeances, et en était presque décidé à escorter les avocats. Son amie l’avait deviné, et le lui avait interdit. Miss Temple avait besoin de ses seuls amis à ses côtés.

Des avocats, des banquiers, et des juges avaient travaillé pour miss Temple. Pourtant, jusqu’ici, personne n’était capable de lui donner la moindre information. Combien pouvait valoir ce fichu îlot ? L’un de ses banquiers avait appris par l’un des proches de roi que les finances de la couronne espagnole étaient au plus basses.

— Vous proposerez cinq mille réales. C’est une somme colossale, mais allons-y gaiement…

Le banquier, statufié, crut que ses yeux allaient tomber de leurs orbites.

— Vous avez toute ma confiance, mon cher. Vous savez ce que cela sous-entend Alejandro…
— Oui miss Temple…
— Vous pensez que cela ne suffira pas ?
— Je n’en ai aucune idée…
— Vous êtes un homme adorable, paraît-il… dans la vie. Avec votre épouse et vos enfants. Fidèle en amour et en amitié. C’est ce que j’ai appris sur vous.
— Merci miss Temple. J’essaie de l’être oui…
— Je suis donc ravie pour votre famille et vos amis. Mais vous n’êtes pas là pour cela. Vous êtes également un homme d’affaires. Le ...

... meilleur de Majorque m’a-t-on dit. Retors et dur. J’ai même entendu prononcer le mot impitoyable… Obtenez-moi ce foutu îlot Alejandro ! En toute discrétion d’abord. Et quel qu’en soit le prix ensuite…
— Mais…
— Cinq mille réales… Dix mille réales… Quinze mille… Vingt mille… Moins je paierai pour cette satanée île, plus vous gagnerez mon estime. Et mon or !
— Pardonnez-moi miss Temple… Personne ne possède de telles…

Le banquier n’eut pas le temps de terminer sa phrase, que la voix grave de la rouquine le clouait sur place.

— Si. Moi. En toute discrétion, Alejandro !

Totalement affolé par le regard gris braqué sur lui, l’homme comprit qu’aussi impossible que cela puisse paraître, cette femme était sérieuse.

— J’ai bien compris miss Temple.

Vanna, quant à elle, avait beaucoup boudé. Souvent et longuement. Au point qu’elle avait même refusé de dormir avec sa compagne, se contentant d’une couverture jetée sur le parquet de chêne. La jeune métisse avait été très vexée, quand un soir, Aylin cette fois sujette à une véritable colère, lui avait dit que dès le lendemain, elle ferait aménager une chambre pour Vanna. Cette dernière comprenait aussitôt que chérie Aylin ne plaisantait plus, et surtout, qu’elle ne céderait pas à ses caprices.

Vanna, depuis la menace de miss Temple, suivait ses études sans trop rechigner. Miss Abigaïl Appletree étant une professeur plutôt sévère, elle s’était plainte à miss Temple du peu d’intérêt de son élève. L’Irlandaise, une nouvelle fois ...