Pour la bonne cause - Histoires de Sexe

Pour la bonne cause

... lascive, se l’enfilant jusqu’aux gencives.

Bon public, je rigole et lui colle ma main au bénitier.

Elle sursaute, boit une bonne rasade et soupire en me repassant la bouteille.

Tandis qu’elle s’essuie les lèvres sur son avant-bras, je fais coulisser le goulot sur sa vulve pour récupérer un peu de cyprine au passage.

— Voilà un cocktail dont on n’a pas couramment tous les ingrédients sous la main.

En guise de réponse, elle marque un long silence puis me tacle d’un air désabusé :

— Vous êtes un gros vicieux qui cache bien son jeu, en fait !
— Ça vous gêne tant que ça ?
— Non, j’aurais juste voulu le savoir avant ; on aurait pu se ménager des petits « 5 à 7 ». Que de temps perdu ! Repassez-moi donc l’antigel, please.
— N’allez pas vous saouler, la journée n’est pas finie.
— Je veux juste me sentir ivre de bonheur, mon chéri.

Je l’aide à se rafistoler et lui propose mes services de coiffeur, ayant toujours un peigne dans ma sacoche photo.

Elle accepte en souriant, bien que je ne sois pas de la meilleure dextérité.

Je ne cherche pas à faire du zèle non plus.

Normalement, cet acte favorise le rapprochement, puis l’érection.

Là, ce n’est plus nécessaire, après ce qu’on vient de vivre. J’en frémis encore, mais je dois m’arracher avant que le trafic entrant ne vienne abolir le charme de la parenthèse enchantée.

Pour tourner le dos à l’exceptionnel, le retour à la réalité s’affuble souvent d’une triste banalité, dans la rhétorique notamment.

— Bon, eh bien, à un de ces jours chère voisine, si vous avez besoin de quoique ce soit, faites signe.
— Vous pouvez aussi me retrouver sur le bord de mer pour un verre après le boulot, je traîne souvent au Baobab ou à la Note Bleue.
— C’est noté ; je vous chercherai aussi sur Facebook.
— Bien sûr, je vous accepterai, vous êtes un type bien… et un bon coup !

Dernière embrassade, pudique cette fois, et rideau !