1. Les mariés de l'an 2012


    Datte: 01/07/2019, Catégories: fh, couple, fête, jalousie, dispute, pénétratio, portrait, Auteur: Limonova, Source: Revebebe

    ... ?
    — Oui. Y en a marre.
    — De ?
    — On ne voit que toi. Là où tu vas, te plantes, parles, on ne voit que toi. Je suis allé me servir au bar (et pas qu’une fois) et en revenant, j’ai eu envie de te draguer, avant de réaliser que c’était toi. (Que ce n’était que moi, pense-t-elle). Tu dégages trop. Alors c’est chiant, parce que je dois vivre avec, et je peux t’assurer que ce n’est pas une partie de plaisir.
    — Désolée.
    — Oui, c’est ça.
    
    Elle l’observe, partagée entre le fou rire et l’envie de l’envoyer au diable. Elle sent confusément qu’il se met en condition pour provoquer une petite montée d’adrénaline, faite d’allusions aux infidélités, datées, dont elle s’est rendue coupable, et inversement proportionnelles à sa libido du moment. Elle n’a pas envie de faire l’amour. Et alors. En ce moment, elle voit l’acte sexuel comme une très grande agitation simiesque. Rien que d’y penser la fatigue et l’amène au bord de l’anémie. Et neutraliser son mari est une conditionsine qua non pour passer une fin de soirée idéale, c’est-à-dire, seule. Autrement, c’est parti pour un chapelet de prénoms et de dates dont elle n’a pas retenu la plus grande partie. Lui si, ayant aimablement fait connaissance avec son ordinateur, et du par cœur avec le contenu.
    
    Ouf, la maison, enfin. Elle se faufile dans ses appartements, se sert un verre, va dans sa salle de bain, met une sonate de Scarlatti et s’assied confortablement dans le fauteuil jouxtant la baignoire. Elle aime son mari, mais pas le ...
    ... mariage. Elle ne se « sent » pas mariée. Elle trouve bizarre de retrouver la même tête tous les jours, qui croit opportun d’étaler ses états d’âme, tels les ingrédients sur une pizza, ses bobos et plein de choses encore, que personnellement, elle a la pudeur de garder pour elle. Le mariage, – des journées pleines de mauvaises humeurs et des nuits pleines de mauvaises odeurs –, comme le dit un de ses auteurs favoris. Elle repense à ses incartades, elle déteste ce mot, autant que « infidélités », « coups de canif dans le contrat », « adultère », et le plus pompon d’entre tous, « tromper ». (Oups ! Me suis trompée… et toi un peu avec). L’importance accordée à ces moments de détente est largement surestimée, et « être attrapé (e) en flag’» – une vaste fumisterie destinée à alimenter en débats l’absence de ces derniers.
    
    Son verre est vide. Elle se brosse les dents, démaquillage, se regarde complaisamment dans le miroir, en prend un plus petit pour pouvoir s’observer de profil et s’estime satisfaite du résultat. Quelques ablutions, elle enfile un tee-shirt en coton et se met au lit. Plénitude absolue. Toutes ces nuits de souffrance à partager la couche et la douche de ses amants. Quelle abnégation quand elle y repense.
    
    Elle lit de l’Hemingway, lorsque son mari fait irruption dans son espace vital.
    
    — Tu as du Spedifen ? J’ai une armée de kangourous dans le crâne.
    
    Elle sort du lit, les fesses à l’air, se dirige vers la salle de bain d’un pas dansant à cause du marbre froid, et ...
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