1. Les mariés de l'an 2012


    Datte: 01/07/2019, Catégories: fh, couple, fête, jalousie, dispute, pénétratio, portrait, Auteur: Limonova, Source: Revebebe

    Le récit précédent oscillait entre la vision ironique ou désabusée de certaines de mes relations. N’en ayant pas d’autres sous la main, je vous en livre un nouveau chapitre, qui précède le troisième et dernier. Ce qui produit une série courte, je vous l’accorde, mais point trop n’en faut, après quoi je vire soit comique troupier, soit existentialiste angoissée et angoissante, je ne sais pas encore. L’on me murmure que le premier est interchangeable avec l’autre.
    
    Elle somnole dans la berline qui les ramène d’un cocktail suant au possible. Des péronnelles sautillantes dans tous les sens sur des piques de brochettes, car comment nommer autrement la chose qui surélève leurs escarpins de 16 cm, leurs aînées semblables à des mérous collant leur face contre la paroi d’un aquarium à force de retouches esthétiques, des hommes, d’affaires, de ne rien faire, politiques, d’une heure ou d’un soir, quelques célébrités, mornes du fait de leur célébrité justement, et plein de zigotoswannabe.
    
    Il fallait vraiment que leur hôte, promu patron mondial d’un grand groupe d’hôtellerie, soit leur ami pour les attirer dans ce guet-apens stérile, comme elle en fuyait à longueur de temps. Ce soir elle a bu deux coupes de champagne et, comme elle déteste être collée à son mari, elle se tient légèrement en retrait de l’agitation. Ce qui attire immanquablement les regards, elle le sait, et en général le type le plus confiant dans sa séduction de la soirée. Ça ne rate pas, elle a droit aux sanglots ...
    ... longs des violons de l’automne d’un homme politique fraîchement séparé. Il commence par la dévisager de haut en bas. Elle trouve le procédé déplacé et lui tourne le dos pour regarder par la fenêtre. Il ne se décourage pas et entreprend un questionnaire de Proust laborieux auquel elle répond par monosyllabes. Elle ne se déride que lorsqu’il cite une phrase de Courteline :
    
    — Il est plus facile de lever une femme que de la laisser tomber. Elle raffole de l’humour potache quand d’autres s’en offusqueraient. De fait elle passe un quart d’heure correct, ne donne pas suite aux avances de celui qui la voyait déjà en infrarouge dans son lit et envoie un message à son mari qui a disparu depuis longtemps de son champ de vision. Elle traverse tranquillement le vestibule, rempli des péronnelles qui minaudent en tenant leur cigarette très au-dessus de leur visage pour ne pas gêner l’hurluberlu qui les entreprend, physiquement ou à coups de sonnet-sornettes. Elle attend sur le perron et son mari apparaît, les mains affairées par la recherche des clés ou bien le camouflage de cartes de visite. Elle s’engouffre dans la voiture, ajuste son siège et la fatigue la prend. Elle s’endort facilement dans les trains, avions, voitures, bateaux. Elle a dû être correctement bercée dans son enfance. Soudain la voix de son mari tranche le silence paisible de l’habitacle.
    — Mimi, tu fais chier. Franchement, tu fais chier.
    
    Elle tourne la tête vers lui, se demandant si lui a toute la sienne.
    
    — Pardon ...
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