1. Repas charnel


    Datte: 25/06/2019, Catégories: fh, fplusag, intermast, Humour Auteur: Domi Dupon, Source: Revebebe

    Pour comprendre l’intensité dramatique, poétique, philosophique et toute la clique de ce récit écrit « à la manière de », il vaut mieux avoir lu l’épisode 1, « Introduction délicate » ( N° 10183) et l’épisode 2, « Intense pénétration » (N° 10218).
    
    En résumé si vous avez la flemme de lire les épisodes précédents, c’est la première partie de la deuxième rencontre, entre à ma droite, Armand Drin, 20 ans et quelques poussières, et, à ma gauche, Madame la Comtesse de la Chaux de Main, qui pourrait être sa mère, voire sa grand-mère.
    
    ---ooOoo---
    
    Je ne pouvais qu’obéir… C’est ainsi que le soir aux environs de 20 heures, le sac tyrolien contenant mon barda dans le dos, je frappai avec vigueur le heurtoir de bronze en forme « de main tenant le monde » contre la porte en chêne massif. Le père m’avait conduit jusqu’au château avec son Massey Fergusson, pour pas que je transpire dans mes habits du dimanche.
    
    Faut dire que la mère avait repassé cravate et chemise blanche et même mon plus beau costume – le seul que j’avais d’ailleurs- à la patte mouille. Mes chaussures noires, pompes de parade, souvenir de mes deux ans outre-mer, brillaient au soleil tellement j’avais dû les frotter sous l’insistance maternelle. Le fils allait manger au château, l’événement de la décennie bien plus important que le « Je vous ai compris !» du Général en 58.
    
    C’était donc une vraie gravure de mode – enfin gravure à la mode de la Chaux sur Main en 1960 - qui se présenta à la porte du château. ...
    ... Porte qui s’ouvrit presque aussitôt, preuve que M’dame la Comtesse m’attendait avec une impatience certaine.
    
    Instant d’une grande intensité poétique. On n’avait pas encore inventé l’heure d’été : aussi, en ce joli mois de mai, le soleil allait bientôt s’éteindre à l’horizon. Ses derniers rayons rougeoyants rasants nimbaient Marie-Angélique de Burnecreuse d’une aura irréelle. Ses cheveux grisonnants flamboyants, sa robe noire constellée de mille reflets chatoyants, sa taille élancée, lui donnaient l’air d’une de ces fées qui habitaient mes livres de contes.
    
    Encore une fois, je restai con, stupide, regardant d’un air hébété cette femme de la haute société qui m’éblouissait – littéralement pour lors – malgré son âge avancé. Vu qu’elle avait 18 ans en 1921 que nous étions en 1960, cela lui faisait… Si ça vous intéresse vraiment, vous n’avez qu’à faire le calcul.
    
    — Entrez, mon jeune ami, entrez ! Ne restez pas ainsi pétrifié ! Débarrassez-vous de votre bagage et escortez-moi jusqu’à ma pauvre cuisine.
    
    J’entrai. Elle sortit… du halo de lumière. Quelle élégance ! Rien à voir avec ce matin ! J’étais terriblement fier qu’elle ait fait l’effort de passer une tenue de soirée pour « partager sa maigre collation du soir » avec moi. En comparaison, dans mon costume pour mariage de campagne, j’avais vraiment l’air du plouc endimanché. D’ailleurs :
    
    — Mais mon jeune ami, il ne fallait pas vous habiller comme pour une cérémonie ! dit-elle, d’un ton dont elle ne put dissimuler ...
«1234...8»