La mère de Jean (8)
Datte: 22/06/2019,
Catégories:
Divers,
Auteur: Anthynéa, Source: Xstory
Durant une longue semaine, la maman n’eut aucune nouvelle de sa progéniture. Elle avait laissé quelques messages, mais Jean n’avait pas répondu. Ce n’était que le vendredi suivant vers douze heures, qu’il avait envoyé un SMS laconique précisant son retour dans la soirée… en compagnie d’un copain. Adèle se demandait qui son fils ramenait à la maison. Ça n’avait de toute façon aucune espèce d’incidence, l’important étant bien évidemment que le gamin soit décidé à rentrer. Elle prépara la chambre d’ami, draps propres, ménage fait.
Si son fils n’appelait plus suffisamment, Lucie, elle, le faisait pour deux. Elle avait presque deux fois par jour, discuté avec son amie. Pour trois fois rien, pour rompre une vraie solitude dont elle taisait même le nom, se gardant bien d’y faire une quelconque allusion. La mère de Jean n’avait pas pu, malgré toutes ses bonnes résolutions, étaler les causes de sa brouille avec son garçon. Un véritable blocage dans sa tête. Pas moyen de mettre cette affaire sur le tapis. Dans ce domaine-là, son amie restait une parfaite étrangère.
Vers dix-sept heures, les deux garçons arrivèrent. Si elle se montra surprise, elle n’en laissa rien paraitre. Le pote en question n’était autre que Guy. Celui de cette fameuse nuit chez son fils. Et l’autre bavait devant elle. Il n’était pas vraiment discret. À tel point qu’elle se demanda si Jean ne s’était pas aperçu de la manière peu orthodoxe dont son ami la rezieutait. Le soir ils regardèrent la télé dans le ...
... salon et Adèle s’enferma dans sa chambre. Les deux gaillards avaient commandé des pizzas, preuve que son rejeton restait fâché contre elle. Mais il n’avait rien montré devant Guy.
Le livre qu’elle lisait, peu enthousiasmant au demeurant l’endormait plus qu’il ne la distrayait. Elle piquait du nez et le bouquin sur le drap, elle somnolait depuis un certain temps. Un bruit dans le couloir la ramenait à la réalité et les pas furtifs lui apprirent que les jeunes allaient aussi se coucher. Alors elle reprit son ennuyeux livre, le referma sur la marque page et éteignit sa lampe de chevet. Elle respirait mieux, se sentant moins oppressée. Cette fois elle pouvait se rendormir d’un cœur léger, son petit monde était calme.
Quand perçut-elle comme un mouvement au pied de son lit ? Pourquoi se sentit-elle soudain comme éveillée par une présence dans sa chambre ? Ce n’était sans doute qu’un prolongement d’un rêve qu’elle venait de faire et qui inconsciemment l’avait tirée des limbes de la nuit ! Elle tâtonna à la recherche de l’interrupteur et la lumière jaillit d’un coup. Il était là, nu comme un ver. Guy, ce fichu gamin que pouvait-il bien fabriquer au pied de son lit. Il avait les cheveux en bataille, la bouille mal rasée.
— Qu’est-ce que vous cherchez ? Vous faites quoi dans ma chambre ?
— Hein ? Oh ! Pardon, je… je suis désolé. Je crois que je suis somnambule.
— Vous vous fichez de moi ? Sortez ou je crie et Jean… va accourir.
— Non, non ne criez pas, s’il vous plait, ...