1. Nuit d'épouvante


    Datte: 18/06/2019, Catégories: fh, inconnu, bizarre, Oral pénétratio, fsodo, Auteur: Bertrand D, Source: Revebebe

    Parmi les six salles du complexe, la quatre est la plus petite. Elle est réservée au ciné-club et suffisante pour accueillir, ce soir, la trentaine de spectateurs. Ce sont des mordus de films fantastiques, d’épouvante. On en projette un en noir et blanc, d’horreur, sous-titré, plus que cinquantenaire. Parmi ces cinéphiles, blottie dans un fauteuil, recroquevillée sur elle-même, Karen suit avec beaucoup d’attention les aventures terrifiantes du tueur psychopathe. Elle adore se faire peur, raffole de ce genre de films.
    
    Quand le héros abat enfin le meurtrier, que le mot fin apparaît, que les lumières se rallument, elle frémit encore. Mais c’est tellement bon. Parce que dans la vie elle est une fille qui n’est pas craintive, au contraire, audacieuse et sait se faire respecter. Alors, elle adore se faire peur sur commande, sans danger, quand elle en a envie.
    
    Sortant de la salle bien chaude, Karen boucle du mieux possible son cardigan dans le hall du cinéma, car à l’extérieur il doit faire terriblement froid. Et quand elle franchit la porte, bien qu’elle s’y attende, c’est une véritable gifle glacée qu’elle prend au visage.
    
    Maintenant son col, elle se presse pour rentrer chez elle. Elle n’habite pas très loin, à peine dix minutes du cinéma. Elle se remémore, avec délectation, le film qu’elle vient de voir.
    
    Les films d’épouvante sont son plus grand plaisir. Ses parents, sa sœur, ses amis se moquent de cette passion. Pourtant elle n’en manque pas un. Les meilleurs sont ...
    ... les anciens souvent méconnus, qui ne passent que dans cette salle. Même quand ils sont projetés à des heures inhabituelles, comme ce soir, à vingt heures.
    
    Il souffle un mistral terrible, qui transperce et glace. La rue qu’elle suit est perpendiculaire au vent, et de ce fait relativement abritée. L’éclairage parcimonieux des lampadaires laisse de nombreuses zones d’ombre. Les passants sont rares dans ce décor sombre, qui semble propice à l’apparition d’un horrible assassin. Elle en sourit, cela lui rappelle le film.
    
    Bientôt une rue perpendiculaire, exposée en plein vent, qu’elle va rapidement franchir afin d’éviter les rafales. Elle serre plus fort son manteau et en la traversant, jette un coup d’œil pour voir le nombre de poubelles renversées. Quelques unes par terre, répandent leurs ordures aussitôt dispersées par le vent.
    
    Enjambant les déchets, trois jeunes arrivent dans sa direction. Ils la repèrent, l’interpellent :
    
    — Oh, poulette, attends-nous, il fait froid, nous allons te réchauffer, lance l’un d’eux.
    
    Elle se dépêche, c’est une plaisanterie, probablement, ils vont partir dans le sens opposé, mais elle sent tout de même un petit frisson. Ce ne sont quand même pas des monstres comme à l’écran.
    
    Pourtant, ils la suivent. Maintenant, elle commence à s’inquiéter. D’autant qu’ils lui lancent des propositions non équivoques.
    
    — Arrête-toi, nous ne te voulons pas de mal, au contraire, nous te réchaufferons.
    — Tu verras, quand on t’aura baisée tous les trois, ...
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