1. Chapitre 2


    Datte: 13/06/2019, Catégories: revede, Oral fantastique, Auteur: Camille_2, Source: Revebebe

    ... détourna pas, tandis que le tramway, négociant son virage dans un crissement de freins strident, passa devant la forme noire qui se tenait immobile de l’autre côté de la voie, ni même quand, la dernière rame ayant disparu derrière l’angle du bâtiment, il n’y eut plus rien à voir sur le trottoir que le ruissellement de l’eau.
    
    *
    
    Hana se coucha tôt ce soir-là. Elle piocha un magazine au hasard sur la table basse du salon et se faufila sous la couette, en s’efforçant de ne pas lever la tête vers le portrait. Elle ne savait plus que penser de toute cette histoire et envisagea même, un moment, de décrocher le tableau de son clou, mais elle estima qu’un tel geste accréditerait la théorie absurde selon laquelle l’Homme Noir avait une réelle influence sur elle, ce qu’elle ne voulait pas accepter. D’autre part, et cela Hana l’admettait encore moins, elle aimait l’idée que celui-ci garde un œil sur elle pendant son sommeil. Quoi qu’il en soit, épuisée par la nuit agitée qu’elle avait vécue la veille, la jeune femme s’endormit au bout de quelques minutes, au beau milieu de sa lecture.
    
    *
    
    Un jeu subtil de reflets scintillait au plafond et sur le haut des murs de la chambre. Hana entrouvrit les yeux. L’esprit embrumé par le sommeil, elle ne parvenait à déterminer si ces lueurs dorées étaient le fruit de son imagination ou si quelque chose était en train de brûler dans la pièce. Aucune odeur suspecte n’était cependant perceptible. Elle se tourna vers la lampe de chevet. Presque ...
    ... persuadée de s’être endormie lumière allumée, elle la trouva éteinte.
    
    Hana se redressa et observa avec plus d’attention le halo qui ondoyait au-dessus de sa tête. La lumière, de toute évidence, provenait du portrait. Elle dirigea son regard dans sa direction et constata avec stupéfaction que l’Homme Noir avait disparu. Le tableau était toujours accroché au mur, mais il ressemblait maintenant davantage à une fenêtre qui s’ouvrait sur… sur quoi ? Depuis le lit où elle était assise, Hana ne discernait pas avec précision le contenu du cadre noir, dont les moulures s’animaient sous l’effet du chatoiement mordoré.
    
    Face à ce phénomène extraordinaire, la jeune femme s’efforça de garder son calme. Elle se pinça le bras. La douleur aiguë lui confirma qu’elle ne vivait pas un autre délire onirique, ce qui ne fut pas pour la rassurer. Après ce qui lui sembla un très long moment d’hésitation, la jeune femme prit enfin son courage à deux mains et se décida à quitter le lit. D’une certaine manière, ce qu’elle découvrit en approchant du tableau la rassura, mais ne diminua en rien son incrédulité.
    
    La grande salle dépourvue de mobilier, qu’elle voyait à présent de l’autre côté du tableau, et dont les murs jaunes ocreux en pierre de taille se perdaient dans l’obscurité, était de toute évidence celle du temple dans lequel son rêve l’avait déjà conduite.
    
    Disposées autour de la pièce, quelques torches projetaient la lueur vacillante qui venait se refléter dans la chambre à coucher. Sans ...
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