1. Chapitre 2


    Datte: 13/06/2019, Catégories: revede, Oral fantastique, Auteur: Camille_2, Source: Revebebe

    ... L’architecture de la pièce lui évoqua ces vieux temples de l’Égypte ancienne que David Roberts et tant d’autres artistes orientalistes avaient peints au milieu du XIXe siècle. Hana ferma les yeux et se concentra sur cette vision.
    
    La salle donnait sur une longue coursive, rectangulaire elle aussi. La jeune femme était certaine de l’avoir empruntée. Sur le mur de droite, de larges ouvertures, pratiquées à intervalles réguliers, donnaient vers l’extérieur, où une pluie battante empêchait de distinguer le paysage au-delà de quelques mètres.
    
    Hana percevait le frottement de ses pieds nus sur les dalles humides, le crépitement de flambeaux dont elle appréciait la lueur réconfortante… À mi-chemin, elle passa devant une double porte noire monumentale en bois clouté, fermée par trois solides madriers. Arrivée au bout de la coursive, devant le seuil d’une seconde pièce, la pénombre se massa soudain autour d’elle. Elle saisit la jeune femme et l’enveloppa comme un manteau aux plis chauds et épais. Ses seins furent empoignés, puis palpés et tétés dans un élan à peine contenu. Hana sentit son corps quitter le sol. Flottant dans la tiédeur de la coursive, bercée par le bruissement continu de la pluie sur les pavés, elle s’abandonna au ravissement de l’étreinte, incapable d’opposer la moindre résistance. Quand des doigts effleurèrent sa fourche, puis en écartèrent les lèvres pour s’y enfoncer, Hana leva doucement la tête. Elle voulait voir le visage de ce qui tentait de la ...
    ... posséder, mais elle ne trouva que l’ombre. Une ombre si noire qu’elle semblait la mort même de toute lumière.
    
    Hana rouvrit les yeux en poussant un cri de stupeur. Se rappelant où elle se trouvait, elle jeta un regard embarrassé autour d’elle. Heureusement, à l’exception d’un usager assis quelques fauteuils plus loin, l’étage était désert. L’homme, vêtu d’une veste élimée en cuir marron, baissa son journal pour la fixer d’un air étonné, avant de reprendre sa lecture.
    
    La confusion qui avait envahi son esprit, mélange d’appréhension indéfinissable et de désir inextinguible, s’estompa petit à petit. Elle céda la place à une profonde sérénité qu’Hana savoura, sans chercher à se l’expliquer. La jeune femme récupéra les volumes de Lovecraft qu’elle avait posés à même le sol et se dirigea vers la baie vitrée. Pendant qu’elle revivait son rêve, les nuages avaient poursuivi leur progression. Ils planaient maintenant au-dessus de la ville.
    
    De grosses gouttes, poussées par les bourrasques, éclataient sur la paroi de verre en dessinant de fines marbrures translucides. Hana observa la rue en contrebas. Des passants se hâtaient en tous sens pour se mettre à l’abri. Un tramway bleu roi s’avança en klaxonnant au milieu de ce rang de fourmis dispersé par l’averse. La jeune femme reconnut alors, derrière l’épais rideau de pluie, une silhouette familière, drapée dans sa robe aux pans battus par le vent. Malgré la distance qui les séparait, Hana sentit son regard se poser sur elle. Elle ne se ...
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