We can be heroes
Datte: 03/03/2018,
Catégories:
fh,
amour,
cérébral,
pénétratio,
fsodo,
exercice,
mélo,
portrait,
Auteur: Amarcord, Source: Revebebe
... épuisée, même si elle n’en montrait rien. Andrzej voulut enchaîner aussitôt avec la photo suivante, mais je m’y opposai. Il fallait qu’elle se repose, qu’on prenne nous-mêmes tous le temps de se détendre et de croquer un morceau avant de l’habiller, la coiffer, la maquiller à nouveau pour la scène suivante. C’est là qu’il montra les premiers signes de mauvaise humeur, comme un enfant gâté dont on cherche en vain à freiner l’impatience. Après tout, disait-il en grognant, c’est la seule chose qu’on lui demande, à un modèle, de la fermer et de prendre la pose. Si ça paraissait si dur que ça, fallait changer de métier. Gianluca m’avait rejointe, et nous lui fîmes comprendre, gentiment, mais fermement, qui aurait le dernier mot sur ce plateau. Il s’inclina de mauvaise grâce.
(La voix de Dieter)
Cette fille avait une fantaisie dingue, un talent différent de celui d’Andrzej, mais tout aussi sûr, et bien davantage tourné vers l’exubérance, l’improvisation. Elle ne cherchait pas à entrer en compétition avec lui. En fait, elle le complétait.
Elle se dirigea vers le Chesterfield, et s’assit cette fois sur le dossier. Elle me demanda de hisser le trépied de l’appareil bien plus haut, de manière à la cadrer davantage en contre-plongée. À Ertan, qui venait de semer sur le canapé un joyeux désordre de pochettes de disques et de galettes de vinyle, elle expliqua qu’il ne s’agissait surtout pas de cacher tout l’attirail de trépieds, réflecteurs, spots et câblages. Nous ...
... n’allions pas chercher à produire un pastiche de Glam rock, mais au contraire assumer la mise en scène, la photo dans la photo.
C’était d’une intelligence rare, et l’image qui se formait sur le dépoli était forte, vibrante. Et puis franchement sexy aussi, soyons honnêtes. Il ne restait plus qu’à la concrétiser. Nous sentîmes une présence derrière nous, c’était Andrzej. Il se contenta de nous montrer un pouce levé, puis adressa à Louise des gestes un peu désordonnés, qui se lisaient comme des excuses, prouvant le remords qu’il avait de s’être conduit comme un abruti.
Elle lui répondit d’un clin d’œil.
— Viens Andrzej, on n’attendait plus que toi.
Et c’est comme ça que c’est finalement lui qui l’a prise, cette photo qu’elle avait composée, et qu’elle lui offrait comme un cadeau, un pardon, d’autant plus généreux qu’il n’était pas formulé. Perché sur l’escabeau, l’œil collé sur l’œilleton, il voyait le regard de Louise rivé vers l’objectif. Il repensa sans doute au seul commentaire que lui avait fait Garassian quand il lui avait téléphoné pour s’informer sur elle.« Tâche simplement d’être à la hauteur » avait, paraît-il, dit Robert en mettant aussitôt fin à la conversation. Le vieux ne l’avait pas snobé. Il avait dit l’essentiel.
Alors il nous réunit, bafouilla des excuses, baisa la main de Louise, nous dit combien nous avions fait un boulot exceptionnel. Et nous invita tous à faire la fête en ville.
— On fête quoi, au juste ? a demandé Ertan.
— La chute du ...