Te souviens-tu ?
Datte: 16/01/2018,
Catégories:
fh,
jeunes,
couple,
amour,
lettre,
mélo,
lettres,
amourdura,
Auteur: Larry Starck, Source: Revebebe
... boulot.
Combien j’ai aimé déguster ton sexe et combien tu as aimé me laisser le butiner. Je me souviens de cette première fois où tu es venue te coucher contrite, avec une grosse culotte bien hermétique. J’étais tellement désolé de ne pouvoir t’offrir la caresse de ma langue. Tu m’as embrassé et tu as plongé sous les draps. Je n’avais jamais joui dans ta bouche. Quand tu es remontée vers moi, j’avais un peu honte de m’être ainsi laissé sucer sans rien faire et tu m’as dit : « J’aime bien ton foutre. » Ce mot dans ta bouche a une résonance si particulière ! Souvent après l’amour, tu prends mon sexe entre tes lèvres pour récolter les dernières gouttes, tu as cet air délicieux de petite fille qui déguste une friandise.
Tous les jours je vais à l’hôpital. Je me suis fait une amie d’une infirmière qui m’a pris en pitié. Elle m’a dit un jour :« Vous n’êtes pas obligé de venir, Monsieur, vous ne pouvez pas la voir, on vous préviendra. » J’ai dit : « Non, je veux être là. » Alors tous les jours elle vient me dire un petit mot. Parfois elle m’apporte une viennoiserie. Un jour elle m’a dit :« C’est beau, on voit que vous vous aimez beaucoup. » Elle n’a pas dit « que vous l’aimez beaucoup » ; elle a tout compris de ton amour, même si elle ne t’a pas vue l’exprimer. Parfois, elle vient s’asseoir à ...
... côté de moi et elle ne dit rien. Quelqu’un qui sait se taire avec un tel à-propos, c’est si rare ! Ces derniers temps les gens que je rencontre se croient tous obligés de dire quelque chose. Je pourrais te faire un de ces catalogues de lieux communs qui te réjouirait.
Tu te souviens, nous avions pensé écrire une histoire composée uniquement de lieux communs et puis tu m’as dit : « Je crois que tout le monde prendrait cela au sérieux, ce serait absurde. » Tu avais raison, nous avons gardé notre catalogue de lieux communs pour nous et pour nos petites saynètes en famille, rangé avec les mots que nous aimons : « foutoir », « gamahucher », « immarcessible », et tant d’autres dont je ferai l’inventaire un jour.
Ce matin cette lettre s’achève.
J’ai eu le droit de pénétrer le saint des saints de la réanimation, je ne risquais plus de rien contaminer, j’ai pris ta main, je n’ai rien dit. Mon amie infirmière qui m’avait obtenu ce passe-droit pleurait près de nous. Moi j’écoutais ta respiration, ce souffle imperceptible et j’entendais ta voix qui s’éloignait sereine, « immarcessible ». Puis le silence.
Je suis à la cafétéria de l’hôpital, j’attends Romain et Isabelle. Les voilà. Je t’aime. Je vais laisser ces derniers mots sur ton cœur en déposant le dernier baiser sur tes lèvres froides.