Les Parques 4/8 - Histoires de Sexe

Les Parques 4/8

... cristal ouvrant les bras pour étaler gracieusement ses voiles, très certainement signée Lalique également, deux chatoyantes lampes Gallé, et au plafond, un lustre en cristal très moderne et original.

— OK, je comprends votre niveau de sécurité…

Se tournant vers l’espace bureau-salle à manger, son œil est immédiatement accroché par une toile immense, toute en dégradés de jaunes et parcourue de lignes droites se finissant en arabesques. Là, petit sourire et mouvement de tête :

— Là, par contre, je ne marche pas, déclare-t-il amusé.
— Pardon ?
— Très belle reproduction d’Horizon 5 de Souxe. Très beau travail, ajoute-t-il en se rapprochant du tableau. Et… sur… toile…

Plus il s’approche et plus le ton de sa voix baisse, témoignant de sa perplexité grandissante.

— Bravo Commandant, c’est bien Horizon ZÉRO 5, précise Amélie, mais ce n’est pas une repro, c’est… l’original de Pierre Souxe.

Totalement ahuri, Ladrime se retourne et fait face à sa subordonnée. Décontenancé, il bredouille en balayant d’un large geste de la main l’appartement tout entier :

— Je… je ne savais que… que vous sortiez… d’une famille…
— Riche ? Non pas du tout ! Enfin, pas à la base. C’est juste que mon père a été le secrétaire particulier de Pierre Souxe pendant près de cinquante ans. Ils étaient amis depuis la communale.
— Étaient ?
— Oui, Soupierre vit toujours et porte magnifiquement ses quatre-vingt-dix printemps ; mon père, lui, est décédé il y a trois ans déjà.
— Navré, je ne ...

... savais pas. Mais… Soupière ?
— Oui, Pierre Souxe ! Je l’ai appelé comme cela un jour quand j’étais toute gamine, ça l’a fait rire, même si je n’étais sûrement pas la première à l’appeler ainsi. En tous cas, le surnom est resté, mais il n’y a que moi à pouvoir l’appeler ainsi.
— D’accord, et « Soupière », pardon, Pierre Souxe vous a offert ce tableau ? C’est un de ses premiers et des plus connus. Une vraie fortune, cette toile !

Amélie affiche un petit sourire gêné pour donner ses explications :

— Au fil des ans, Pierre a offert plusieurs de ses œuvres à mes parents. Avant de mourir, mon père a vendu deux toiles, avec son accord, pour que je puisse, le moment venu, payer les droits de succession. C’est ce qui explique cet appartement, ajoute la jeune femme en désignant l’espace d’un geste large. Et puis, Soupierre m’a offert directement ce tableau en effet, plus un autre, plus petit, très différent, mais qui vaut peut-être plus encore qu’Horizon 05. Un de ses « Chefs-d’œuvre ». Il appelle ainsi, explique-t-elle, ses rares toiles figuratives en référence aux pièces uniques que les Compagnons du Tour de France réalisent pour prouver l’excellence de leur savoir-faire dans leur art.

Les jambes coupées, Ladrime se laisse tomber sur une des chaises Mackintosh disposées autour de la table LC6 qui sert de bureau.

— Oui, je sais, j’ai lu l’interview dans laquelle il disait, je cite, à peu près, avant de ripoliner en rose une cuvette de chiottes et de présenter ça comme une ...