1. 0219 La fin des illusions


    Datte: 02/03/2018, Catégories: Entre-nous, Les hommes, Auteur: Fab75du31, Source: Hds

    ... soir, quand le soleil se couche, tout l’occident a peur.
    
    Lorsque le sommeil vient enfin, il est peuplé de cauchemars et ponctué par de réveils en sursaut.
    
    Jérém aussi semble avoir du mal à dormir. Il tourne sans cesse dans le lit, sans arriver à trouver la bonne position. Ce qui contribue certainement à mes réveils répétés.
    
    Le petit radio réveil indique 2h45 lorsqu’il se lève pour aller fumer une nouvelle cigarette près du feu.
    
    « T’arrives pas à dormir ? ».
    
    « Je suis désolé, je t’empêche de dormir aussi ».
    
    « C’est pas grave, c’est surtout pour toi que je m’inquiète, tu as un long trajet à faire demain ».
    
    « Ca va aller ».
    
    De retour au lit, Jérém me prend dans ses bras. Qu’est-ce que j’aime me sentir enveloppé par son corps chaud et musclé. Qu’est-ce que ça va me manquer !
    
    Je sens son souffle chaud dans le cou. Je sens les battements rapides de son cœur. Soudain, je me rappelle que cette nuit est certainement la dernière occasion qui nous est donnée de faire l’amour avant longtemps. Pourtant, ni lui ni moi n’osons nous y lancer.
    
    J’en ai terriblement envie mais pour la première fois de ma vie je ne suis pas à l’aise avec cette envie. Je culpabilise de penser au sexe alors que dans une ville meurtrie on compte les morts par centaines, alors que de milliers de secouristes sont à pied d’œuvre pour chercher des survivants dans les décombres fumantes, alors que le monde entier est traumatisé.
    
    Comment ne pas culpabiliser de faire l’amour après ça ...
    ... ?
    
    Soudain, je repense aux mots de Charlène.
    
    « La vie doit gagner, pas la peur. Nous ne devons pas nous laisser avoir par la peur, nous ne devons pas rentrer dans le jeu d’une poignée de tarés qui veulent nous empêcher de vivre, d’être libres, d’être heureux ».
    
    Oui, je repense aux mots de Charlène et tout va mieux. Car elle a raison. Ces attentats ont détruit des vies, et ils visent à en traumatiser bien d’autres. Il ne faut pas que cela arrive. Notre seule arme est de continuer à vivre. Il faut bien du courage, bien de l’énergie pour continuer à vivre après ça. Et pourtant, il le faut.
    
    Car, demain ce sera trop tard. Demain Jérém ne sera plus là, près de moi. Et peut-être qu’après demain une catastrophe semblable nous empêchera de nous retrouver pour de bon. Alors, il faut profiter de l’instant présent, de notre jeunesse, du plaisir que nos corps et nos esprits peuvent nous offrir. Tant qu’on est vivants, personne ne nous empêchera d’être heureux ensemble.
    
    « J’ai envie de toi, Jérém » je chuchote dans le noir.
    
    « Moi aussi » je l’entends me répondre.
    
    Cette nuit, nous faisons l’amour. C’est un amour tout doux, tout comme le sont les bisous qu’il pose sans cesse sur mon cou et sur mes épaules, tout comme l’est l’étreinte de ses bras puissants.
    
    Ce moment de plaisir, de complicité et de tendresse avec Jérém, c’est tout ce dont j’ai besoin en ce moment.
    
    Après l’amour, mon bobrun m’enveloppe toujours avec son torse et ses bras puissants.
    
    Définitivement, il ...