1. 0219 La fin des illusions


    Datte: 02/03/2018, Catégories: Entre-nous, Les hommes, Auteur: Fab75du31, Source: Hds

    ... Essayez d’être heureux, essayez malgré tout. La vie doit gagner, pas la peur. Nous ne devons pas nous laisser avoir par la peur, nous ne devons pas rentrer dans le jeu d’une poignée de tarés qui veulent nous empêcher de vivre, d’être libres, d’être heureux ».
    
    Pendant le retour vers la petite maison, Jérém demeure silencieux. Il a l’air tout aussi secoué que moi. J’ai envie de le serrer contre moi, j’ai envie de lui dire que je ne veux pas qu’on se quitte, que je veux rester avec lui pour toujours, qu’il n’y a qu’en restant ensemble qu’on sera en sécurité.
    
    Je ne sais pas par où commencer, je ne sais pas quels mots utiliser. Tout paraît si creux après ce qui vient de se produire. J’ai envie de pleurer, mais je me fais violence pour me retenir.
    
    Alors je renonce à la parole. Je choisis d’essayer de communiquer avec lui à l’aide d’un câlin. Je passe une main dans son cou, je glisse le bout de mes doigts dans ses cheveux bruns.
    
    Et là, sans que je l’aie vu venir, mon Jérém éclate en sanglots. Jérém, le mec viril qui n’est pas vraiment du genre à perdre le contrôle des émotions et à les montrer ouvertement, est en train de pleurer à chaudes larmes devant mes yeux. Le voir ému devant les images horribles de la télé m’a beaucoup touché. Mais le voir éclater en sanglots me bouleverse. C’est dur de voir un homme pleurer. Devant ses larmes, les miennes ne peuvent se retenir plus longtemps.
    
    De retour à la petite maison, il rallume le feu. Là encore ses gestes sont lents, ...
    ... sans motivation. C’est lorsqu’il allume une clope près de la cheminée que je réalise que depuis notre arrivée chez Charlène il n’avait pas fumé.
    
    Je m’approche de lui, je passe mes bras autour de sa taille, je le serre contre moi, je plonge mon visage dans le creux de son cou.
    
    Ni lui ni moi n’avons faim. Nous nous mettons au lit et nous restons longtemps en silence, dans les bras l’un de l’autre. A chaque seconde je me dis qu’on devrait profiter de ces derniers instants pour parler, pour rigoler, pour faire l’amour. Et pourtant, nous n’avons pas le cœur à ça. Nous venions de retrouver notre complicité sur la butte au cœur de cirque de Gavarnie, et voilà qu’elle nous échappe à nouveau, emportée par des événements terribles.
    
    Je suis inquiet. Inquiet par ce qui va se passer demain, dans un mois, dans un an. Pour notre séparation, pour l’avenir du monde après ce désastre.
    
    « Tu crois qu’il va se passer quoi, maintenant ? » je finis par le questionner à un moment.
    
    « Je ne sais pas ».
    
    « J’ai peur que ça frappe ailleurs ».
    
    « Ce n’est pas impossible ».
    
    « J’ai peur qu’il y ait la guerre ».
    
    « Je crois qu’on a tous peur de ça ».
    
    « Tu vas me manquer, Jérém ! ».
    
    « Toi aussi, toi aussi… ».
    
    Je pleure. Jérém me serre très fort dans ses bras et me couvre de bisous tout doux.
    
    « Nous devrions essayer de dormir » je l’entends chuchoter.
    
    Il a raison, l’heure tourne, et demain il a un long voyage à faire.
    
    J’essaie de m’endormir, mais la peur me hante.
    
    Ce ...