1. 0219 La fin des illusions


    Datte: 02/03/2018, Catégories: Entre-nous, Les hommes, Auteur: Fab75du31, Source: Hds

    [Ceci est une version écourtée de l'épisode 02.19. Version complète sur jerem-nico.com].
    
    Comment reprendre le cours des choses après l'horreur? Comment recommencer ne serait-ce qu’à respirer à pleins poumons après ça, alors qu’on a tous une énorme boule au ventre qui ne veut pas partir ?
    
    Comment vivre après ça ? Comment vivre avec ça ? Comment croire en l’Humanité après cela ? Comment faire des projets, des études, comment partir bosser, après ça ? A quoi bon reprendre le cours normal des choses ? Comment avoir envie de faire quoi que ce soit après ça alors que tout peut se terminer quand on s’y attend le moins ? Comment être heureux, avoir de l’espoir en l’avenir, comment vivre sa jeunesse après ça ? Comment aimer, comment faire l’amour ? Comment être heureux à nouveau, alors que la simple idée d’essayer de l’être paraît une insulte aux victimes de cette horreur qui dépasse l’entendement ?
    
    A côté de ce drame, tout paraît désormais futile, sans importance, sans utilité.
    
    Comment ne pas laisser la peur nous ronger ?
    
    Jérém demande à utiliser le téléphone de Charlène pour appeler son frère Maxime.
    
    Dans un moment de lucidité, je pense à maman. Je demande à mon tour à Charlène d’utiliser son téléphone. Pendant le coup de fil, je sens qu’elle est très inquiète de me savoir loin. Elle me demande quand je compte rentrer.
    
    « Demain, demain, en fin de matinée ».
    
    J’ai envie de pleurer en prononçant ces mots. Et je pleure en raccrochant le combiné.
    
    L’idée d’être ...
    ... éloigné de Jérém m’est de plus en plus insupportable. Comment ça pourrait en être autrement, alors que le seul endroit au monde où je me sentirais désormais en sécurité c'est dans le creux de ses bras ?
    
    Nous aidons Charlène à soigner les chevaux. J’ai l’impression que cela dure une éternité, que nos gestes sont empâtés, comme s’ils avaient perdu toute motivation. Charlène nous propose de rester manger avec elle. J’entends Jérém décliner son offre. Nous ne nous sommes pas concertés mas moi non plus je n’ai pas envie de rester. J’ai envie de profiter de ces dernières heures en sa compagnie, j’ai envie de l’avoir tout pour moi. J’ai envie de pleurer, et j’ai besoin de pleurer dans ses bras.
    
    Je l’entends également expliquer en deux mots la raison de notre visite, la nouvelle de son départ pour Paris le lendemain. Raison dont on n’avait pas pu lui faire part avant, accaparés comme on l’était par l’Horreur. J’entends Charlène féliciter son « protégé ». J’entends leurs échanges comme enveloppés dans un brouillard épais, comme dans un écho lointain.
    
    Les félicitations de Charlène sont sincères. Et pourtant, je décelé une note de tristesse dans sa voix. Elle est visiblement émue.
    
    « Fais bien attention à toi, mon grand » fait-elle, en serrant longuement Jérém dans ses bras et le couvrant de bisous comme une maman aimante et inquiète.
    
    « Et toi aussi, Nico, fais bien attention à toi » elle me lance dans la foulée, tout en me serrant à mon tour très fort dans ses bras.
    
    « ...
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