1. L'ouverture du bal


    Datte: 26/05/2019, Catégories: nonéro, regrets, Auteur: Lilas, Source: Revebebe

    ... retourna vers lui d’un air gêné.
    
    – Oui. Excusez-moi si je vous dérange un dimanche…
    
    Il eut un hochement de tête entendu.
    
    – Ce que vous avez à me dire est certainement important, déclara-t-il. Et puis, vous ne me dérangez pas. Je ne m’attendais pas à de la visite, c’est tout.
    
    Il passa une main distraite sur son menton barbu, et un léger embarras le saisit soudain.
    
    – Je n’ai pas eu le temps de me raser, juste celui de me laver un peu, ajouta-t-il d’un ton d’excuse.
    
    Elle haussa les épaules, et le laissa passer devant elle. Il la guida dans un salon simple et clair. Seuls deux fauteuils, un canapé blanc, et une table dans un coin près de la cheminée, meublaient la pièce aux murs peints en blanc. Une illustration colorée et un tableau étaient accrochés près de la baie vitrée qui menait sur le balcon. Le salon n’était pas très éclairé, et Mr Tomaze alla remonter le store à moitié fermé. Un flot de lumière aveugla soudain Liana, et elle plissa les yeux, regardant Mr Tomaze avec nervosité.
    
    – Asseyez-vous, proposa-t-il poliment.
    
    Elle fit non de la tête. Avec un regard étonné et curieux, Mr Tomaze se laissa tomber dans un fauteuil, face à elle. Elle eut l’étrange impression qu’il s’était assis dans le seul but de la rassurer. Une fois avachi dans un fauteuil, son corps démesuré paraissait bien moins menaçant. Elle devina qu’il l’avait fait par habitude et non par égard pour elle. Ça devait être difficile, songea Liana, de se sentir normal avec une stature ...
    ... pareille. Il devait avoir l’habitude que les gens le craignent, et agissait intuitivement pour tenter de les tranquilliser.
    
    Elle s’avança au milieu de la pièce, intimidée, regardant autour d’elle. Ses pas étaient étouffés par la moquette écrue. Ne sachant que dire, elle riva ses yeux à ceux de Mr Tomaze. Il soutint son regard sans sourciller.
    
    – Je vous écoute, dit-il calmement.
    
    – Il y a deux jours, je suis passée vous voir, commença Liana d’une voix un peu enrouée. Pour vous apporter mes dessins.
    
    Il garda le silence, attendant la suite, le visage interrogatif.
    
    – Quand je suis sortie de votre bureau, j’ai eu l’impression qu’on me suivait, continua nerveusement la jeune femme. Au bout d’un moment, je me suis retournée et j’ai aperçu une femme. Elle a alors semblé se désintéresser de moi, et je me suis dit que j’avais dû me tromper.
    
    Maintenant, Mr Tomaze fronçait légèrement les sourcils. Liana prit une profonde inspiration, puis se jeta à l’eau.
    
    – Dites-moi que ce n’est pas vous qui m’avez fait suivre.
    
    Un long silence lui répondit. Elle regarda l’homme qui lui faisait face avec une certaine retenue. Se pouvait-il qu’il fut réellement l’instigateur de cette filature ? Les yeux fixés quelque part entre le mur et elle, il semblait réfléchir. Ses doigts se mirent alors à tambouriner sur les accoudoirs du fauteuil, et il riva son regard à celui de Liana, qui battit fébrilement des paupières.
    
    – Qu’est-ce qui vous empêche de dormir la nuit ? demanda-t-il ...
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