1. L'ouverture du bal


    Datte: 26/05/2019, Catégories: nonéro, regrets, Auteur: Lilas, Source: Revebebe

    ... humer l’air. Il était chaud. La chaleur devait être accablante dehors. Il n’était que onze heures, et elle sentait déjà la lourde chape de plomb tomber sur le premier étage de la maison, grillant presque ses poumons. Encore une journée d’été torride. Cette constatation faite, Liana eut subitement très chaud sous les draps, et elle sortit en vitesse du lit. Aussitôt, l’habituel vertige la saisit, mais elle tenta de l’ignorer en passant ses bras dans sa robe de chambre. Autant faire l’autruche.
    
    – Tu attendais un colis ? fit sa mère, lorsque Liana se rendit dans la cuisine.
    
    Celle-ci la regarda en plissant des yeux à la lumière intense qui se déversait par la fenêtre ouverte. Il y avait un courant d’air, et Liana sentit l’odeur de la rose, de l’herbe fraîchement coupée, de la chaleur. Son père avait tondu la pelouse pendant qu’elle était au lit. C’était bon de se sentir chez soi un tel jour, bon de retrouver ces odeurs familières. Liana eut l’impression de renouer un lien avec son enfance, un lien qu’elle croyait disparu. Un dimanche ne pouvait être apprécié que chez ses parents, se disait-elle souvent.
    
    – Qu’est-ce que tu racontes maman ? rétorqua distraitement Liana. Nous sommes dimanche. Il n’y a pas de courrier.
    
    Sa mère la regarda d’un air entendu. Elle brandit une grosse enveloppe marron, épaisse, anonyme. Seuls y étaient inscrits son nom, en noir, et son adresse, soulignée au feutre.
    
    – Et pourtant, tu en as eu, dit sa mère d’une voix ferme.
    
    Liana resta un ...
    ... moment sans voix, puis elle s’approcha et prit l’enveloppe que sa mère lui tendait. La dernière fois qu’elle avait reçu un colis de ce genre, c’étaitlui qui lui ramenait des dvd ainsi qu’une charmante lettre d’amitié. C’était il y a onze mois seulement. C’était à des années-lumières, pourtant…
    
    « Pitié », pensa Liana très fort, les yeux fixés sur l’enveloppe qu’elle tenait d’une main soudain tremblante. « Pitié, faites que ce ne soit pas de lui. » Quelle autre mauvaise nouvelle l’attendait-elle encore ? Quelle autre surprise qui l’enfoncerait davantage encore dans sa peine et son désespoir ? En un éclair, Liana se vit face à sa mère tandis qu’elle ouvrait l’enveloppe et y trouvait un mot delui.
    
    Quoi que contint ce paquet, Liana voulait l’ouvrir seule. Elle leva les yeux, vit le regard anxieux de sa mère, et dit calmement :
    
    – Ah oui, je me souviens maintenant. C’est Amélie qui devait me rapporter des brochures sur l’Université de Poitiers. Je les lui ai demandées il y a plus d’une semaine, elle aurait pu me les donner avant.
    
    Le ton négligé qu’elle avait utilisé eut pour effet de rasséréner sa mère, qui sembla se détendre.
    
    – Si ce n’est que ça, dit-elle en hochant la tête. Un moment, j’ai cru que c’étaitl’autre qui en rajoutait une couche.
    
    L’autre voulant bien sûr désigner le garçon que sa mère avait appris à haïr en quelques mois. Liana ne tenta pas de le défendre. Pour une fois, elle était du même avis que sa mère.L’autre n’avait plus qu’à se tenir aussi loin ...
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