1. L'ouverture du bal


    Datte: 26/05/2019, Catégories: nonéro, regrets, Auteur: Lilas, Source: Revebebe

    ... corps. Il faisait très beau, et elle se sentit soudain couverte d’une sueur moite. L’angoisse lui serrait le ventre. Elle ignorait ce qu’elle devait faire, et ce qu’on attendait d’elle. Ce journal était-il un message de Mr Tomaze ? Où n’avait-il rien à voir avec tout ça ? Était-ce la femme inconnue qui le lui avait donné pour d’obscures raisons ? Liana avait-elle été vraiment suivie ? On lui avait toujours attribuée une imagination débordante… Ou bien s’agissait-il d’une autre personne, une personne à qui Liana ne pensait pas ?
    
    Il fallait découvrir le nom de celle qui avait écrit ce cahier. Et le débat serait clos.
    
    Liana vérifia une énième fois qu’elle se trouvait dans la rue indiquée sur son bout de papier. Lorsqu’elle avait eu Mr Tomaze au téléphone, une demi-heure auparavant, il lui avait donné son adresse personnelle avec beaucoup de réticence, comme à contrecœur. Elle lui avait dit qu’elle devait le voir et que c’était urgent, et il avait pris son temps avant de convenir d’un rendez-vous. Avait-elle des problèmes ? Oui, elle en avait. De quel ordre étaient-ils ? Des ennuis émotionnels, familiaux ? Elle préférait le voir pour lui en parler. Silence au téléphone, puis il lui avait enfin donné son adresse.
    
    – Rendez-vous dans une demi-heure, avait-il ajouté, brièvement, avant de raccrocher.
    
    Liana avait mis un moment à trouver la rue. Elle ne venait pas souvent dans cette partie de la ville. C’était une rue calme, propre, très fleurie. Les balcons des pavillons ...
    ... blancs et rouges étaient surchargés de géraniums multicolores. Elle longeait une allée de marronniers au bord de la route, et l’air avait beau être chaud, il était pur. Enfin, elle repéra le numéro de l’appartement de Mr Tomaze, au deuxième étage d’un pavillon plus gris que les autres. On y accédait par un petit escalier de pierre et de fer forgé. Des géraniums carmen pendaient dans des corbeilles, encordées à la rampe un peu rouillée. Avec lenteur, Liana monta l’escalier. Passé le premier étage, plus aucune fleur en pot n’égayait le passage.
    
    Un vieux tapis bleu marine et usé était aplati contre le seuil d’une porte en chêne, que Liana fixa avec appréhension. Ça ne pouvait être que là, l’escalier s’achevait sur ce palier. Liana respira un grand coup, puis sonna.
    
    La porte s’ouvrit presque aussitôt, et elle fit un bond sans pouvoir s’en empêcher. Debout et immense devant elle, Mr Tomaze la toisait d’un air ironique.
    
    – Bonjour, balbutia-t-elle. Pardonnez-moi, mais j’ai été surprise…
    
    – Je vous guettais depuis un moment, convint-il.
    
    Son visage était assombri par une barbe de plusieurs jours. Ses yeux bruns étaient quasiment dissimulés par de sévères lunettes à monture noire et à verres épais. Il portait une chemise beige et un pantalon en lin couleur tabac (comme ses yeux, se dit Liana), et sentait l’eau de toilette.
    
    Il s’effaça pour la laisser entrer, non sans l’avoir détaillée des pieds à la tête.
    
    – Vous semblez fatiguée, fit-il remarquer.
    
    Elle entra et se ...
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