1. L'ouverture du bal


    Datte: 26/05/2019, Catégories: nonéro, regrets, Auteur: Lilas, Source: Revebebe

    ... Malgré la chaleur et le soleil, elle se sentait fiévreuse. D’une main tremblante, elle arrangea ses cheveux, fixant avec obstination la porte close. Peut-être était-il derrière, peut-être regardait-il par la lucarne qui jouxtait l’entrée. Qu’attendait-il d’elle ?
    
    Une brusque rafale de vent la fit revenir à la réalité. Elle tenait dans sa main un mystère, et le résoudre devenait une obligation à présent. Le résoudre seule.
    
    Elle se détourna du pavillon, respira un grand coup. L’air sentait bon le chèvrefeuille et la chaleur de l’été. Sa robe se plaqua contre elle, ses cheveux s’échappèrent définitivement de son élastique. Soudain préoccupée par des soucis plus terre à terre, elle se demanda si elle réussirait à pédaler par ce vent.
    
    Elle était venue en vélo, mais la petite brise s’était transformée en bourrasques brûlantes et légèrement humides. Liana devinait qu’un orage se préparait. Elle leva les yeux, mit sa main en visière pour regarder le ciel, vit quelques nuages brouillons passer devant le soleil.
    
    Avant de partir, son attention fut attirée par des éclats de lumière, dans une caissette verte que les usagers utilisaient pour recycler leurs déchets, au moment où passaient les collectivités d’entretien municipales de la ville. La caissette était remplie de bouteilles vides, qui réfléchissaient les rayons du soleil. Se penchant au-dessus, Liana découvrit quelques bouteilles de whisky, d’autres de vodka, ou encore de liqueurs diverses. Intriguée, elle regarda la ...
    ... poubelle grise posée à côté de la caissette. Le numéro, écrit au feutre noir sur le couvercle en plastique, indiquait celui de l’appartement de Tomaze.
    
    Songeuse, elle jeta un nouveau coup d’œil vers l’appartement de Mr Tomaze, avant de reprendre la route, tout en surveillant le temps qui changeait rapidement.
    
    La pluie battait contre les carreaux avec une rage égale à la fureur du tonnerre, et Liana posa un regard vide sur la fenêtre, où des centaines de gouttes venaient s’écraser dans un crépitement abrutissant. Le ciel était mauve et gris, et s’éclairait par intermittence à la lumière aveuglante d’un coup de foudre. Elle s’approcha du montant de la fenêtre, et jeta un coup d’œil à l’extérieur. En contrebas, l’herbe ondulait et la terre se couvrait de flaques gigantesques. Le dimanche avait si bien commencé, pensa Liana avec tristesse. Puis le temps avait changé en une heure à peine. Elle avait eu juste le temps de pédaler jusqu’à son studio pour éviter l’averse et l’orage.
    
    Un grondement sourd succéda à l’éclat d’un éclair, et Liana resserra les pans de son gilet autour d’elle. Elle avait froid maintenant. Il faisait très sombre autour d’elle, et elle détacha enfin ses yeux des arbres et de la route battus par le vent et la pluie, pour aller allumer une lampe.
    
    Le cahier était posé sur son lit. La couverture bleue brillait doucement à la lueur orangée de l’ampoule. Liana le fixa quelques secondes, puis brancha la cafetière, les pensées ailleurs. Un bon café lui ...
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