Une journée merdique
Datte: 25/05/2019,
Catégories:
fh,
hplusag,
vengeance,
jalousie,
Voyeur / Exhib / Nudisme
noculotte,
pénétratio,
regrets,
occasion,
Auteur: Annie-Aime, Source: Revebebe
... grave ! Vous paierez demain, m’assure la bonne dame en dédaignant mes explications et me tendant deux miches.
Deux miches, y a pas d’erreur, l’une est pour moi, l’autre est pour mes bonnes œuvres. Il est courant parmi les âmes charitables – dont je prétends être – d’acheter un pain en sus de son besoin pour distribuer aux mendiants sagement alignés à la sortie, assis à même le sol, sous l’abri des arcades éclairées. Je ne déroge pas à la coutume, la mienne en tout cas, laquelle soit dit en passant agace superbement mon époux. Ils sont sept, ou huit, je ne sais plus, des gamins, des femmes, des vieux, des estropiés… et donc je brise mon pain en autant de morceaux dont je donne à chacun le sien.
Abusée par l’habitude, je n’ai pas mesuré la difficulté conjoncturelle avant de me lancer. Or, l’opération impose une proximité périlleuse qui, compte tenu des circonstances et positions respectives, revient à leur offrir un point de vue inaccoutumé sur mon anatomie si je n’y prends garde. Ce qui doit arriver ! Les gesticulations, mimiques et autres babillements abscons ne me laissent aucun doute quant à la raison de la soudaine agitation. Ma réaction est incontrôlée, j’abandonne les restes du pain sur place et prends la poudre d’escampette avec mon humiliation et ma miche à moi. Je ne suis pas à une incohérence près.
L’humiliation n’est pas antinomique d’un certain émoi et aussi de certains autres symptômes pas du tout plaisants. J’échappe, j’ai des fuites, elles ruissellent. ...
... J’ai honte, j’avance droit devant moi, tête baissée, pressée de disparaître, pressée d’échapper à cette impression qu’ici on se gausse, on me nargue, on me méprise. Bonjour la réputation… souci dérisoire autant qu’accessoire et néanmoins angoissant.
La nuit est tombée, il me serait loisible de me fondre dans l’obscurité mais je ne suis pas si téméraire, j’ai peur dans le noir. Je m’immobilise craintive et indécise, scotchée sur le dernier havre illuminé avant les ténèbres. C’est là que mon patron, le directeur du centre culturel, me surprend tandis que je tergiverse.
— Bonsoir Anaïs, vous rentrez ? Je vous dépose ? propose-t-il gentiment.
C’est une aubaine et quelque part une catastrophe aussi car ce soir n’est pas pareil parce que moi je ne suis pas pareille. Et par-dessus le marché, il y a ces dégoulinements inopportuns dont je crains qu’ils n’aient laissé des traces, lesquelles sont probablement invisibles sous la lumière blafarde mais l’obsession commande.
Je me trémousse d’un pied sur l’autre, imprimant un dandinement plus ou moins rythmé selon que je me sens observée, dans le but de « bouchonner », effacer, étaler, faire le ménage quoi ! Une sorte de danse de Saint-Guy, cuisse contre cuisse, frotti-frotta. Vous ne voyez pas ? Pas grave… Question résultat, ce n’est sans doute pas trop ça sans compter que je dois paraître bizarre… D’ailleurs, mon manège ne manque pas d’alerter mon boss.
— Ça va Anaïs ? questionne-t-il en me regardant curieusement, imaginant ...