1. Le bustier


    Datte: 01/03/2018, Catégories: amour, nostalgie, Auteur: Patrik, Source: Revebebe

    Le bustier
    
    Collection Revebebe
    
    Tout un monde d’éva..â..asion…
    
    (air connu)
    
    Il fait beau sur la vieille ville, j’ai une heure devant moi, je déambule au hasard des rues étroites, le long des maisons hautes, sur les trottoirs pavés. Tant de souvenirs sont liés à cette cité, presque un demi-siècle de ma vie défile au gré de ma promenade.
    
    Fatigué, je m’assieds sur un banc dans un petit square et je laisse le soleil chauffer mon corps. Je regarde les toits rouges et pointus percer un ciel presque bleu. Une petite brise agite les feuilles des trois ou quatre arbres autour de moi. Je suis bien.
    
    Derrière moi, j’entends des éclats de voix, des jeunes filles. Je tends l’oreille, il me semble bien que ce soit de l’italien. Je me retourne. Il y a là au moins une dizaine de jeunes filles d’une vingtaine d’années, accompagnées de deux adultes. C’est alors que je me souviens : Antonella, le printemps soixante-treize…
    
    Soixante-treize : sept et trois, mes chiffres préférés. Ne me demandez pas pourquoi, c’est ainsi. Antonella, une bien belle et adorable petite femme, même si elle avait à peine vingt ans à l’époque, tout comme moi. Petite, c’est beaucoup dire : elle mesurait un mètre soixante-cinq environ. Mais quand je la voyais je ne pouvais pas m’empêcher de la considérer comme un adorable petit bébé poussé trop vite. Quand elle arrivait pimpante dans ses habits colorés, je ne pouvais pas éviter de songer à un délicieux bibelot à conserver avec soin. Bref, cette fille ...
    ... me faisait un effet fou, un étrange mélange entre amitié et amour. Maintenant je saurais quoi faire mais, quand on a vingt ans, on croit tout savoir et, en réalité, avec le recul, on ne sait pas grand-chose sur les relations homme-femme…
    
    Antonella… Nella… Alors je me souviens de ce printemps soixante-treize…
    
    --ooOoo--
    
    Mai 68 était passé par là, les carcans de ma jeunesse avaient été pulvérisés, nous avions soif de liberté, d’utopie, de changement. Les anciens criaient à la décadence, les plus jeunes vivaient sans frein, oubliant toute une éducation stricte. L’université d’alors était une vaste cour de récréation, où l’herbe des pelouses tenait lieu de banc d’école, surtout en ce début d’après-midi…
    
    — Nella ! Tu vas où ?
    — Quelle question, Alex ! Je vais au cours d’éco ! Tout comme toi, d’ailleurs !
    — Franchement, ça ne me dit pas ! Gondulier n’est pas précisément marrant…
    
    Elle se plante devant moi, les mains sur les hanches, face au soleil, j’ai une magnifique vue d’elle, une image qui me restera des dizaines d’années après. C’est vrai qu’elle est ravissante, ma belle Italienne, avec ses yeux noirs, ses cheveux bruns bouclés, sa petite poitrine frémissante et ses hanches accueillantes ! Elle me houspille :
    
    — Peut-être qu’il n’est pas marrant, Gondulier, mais c’est quand même coefficient 5 !
    — Je sais, je sais. Mais tu ne m’empêcheras pas de penser que se dorer au soleil est plus profitable que de ternir en éco !
    — Tu es impossible, Alex ! Mais… enfin, ...
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