Le bustier
Datte: 01/03/2018,
Catégories:
amour,
nostalgie,
Auteur: Patrik, Source: Revebebe
... m’adosse posément à l’arbre tandis qu’elle me dévisage, la bouche ouverte. Je continue :
— Soyons logiques : tu aimerais avoir un bustier, oui ou non ?
— Euh, oui… mais pas n’importe lequel quand même !
— Ah et quoi donc ?
— Pas un truc ultra sexy, mais un bustier que je puisse mettre quand je sors, avec éventuellement un gilet par-dessus. Tu comprends, Alex ?
— Ok, Nella, pas de problème. Moi, j’ai envie de te faire plaisir, et de me faire plaisir en admirant ce que ça donne sur toi. Ça te semble correct comme démarche ?
— Tu es… bizarre, toi !
— Alors, c’est oui ou c’est non ?
Elle est perplexe, mais visiblement intéressée. Elle se dandine sur place, basculant d’un pied à l’autre. Parfois, elle me jette un rapide coup d’œil. Finalement, elle se décide :
— Je fais peut-être une grosse connerie mais c’est oui…
— Trèèèèèès bien ! Alors, on y va !
Et je la prends par la main.
Sur le coup, je ne réalise pas, c’est au sortir du campus que je constate que sa main est toujours dans la mienne. Je stoppe sur place, rougissant comme un simple ado, regardant nos doigts emmêlés. Elle aussi, elle semble à présent réaliser la situation. Elle est décidément ravissante quand elle rougit ainsi. Je sais néanmoins que je ne dois certainement pas être plus pâle qu’elle. Je lui souris, je garde sa main précieusement entre mes doigts, elle esquisse, elle aussi, un sourire et nous nous enfonçons dans la ville.
Je connais cette ville depuis ma tendre enfance. J’ai souvent ...
... entendu parler du magasin « Bonheurs de Paris ». Si j’ai bon souvenir, même ma grand-mère y allait déjà, et je me demande si sa propre mère n’y allait pas déjà. L’actuelle propriétaire des lieux est une vieille dame de plus de soixante-dix ans qui a décidé de mourir à son comptoir comme d’autres veulent mourir sur scène. Elle est assez connue dans la ville, moi je ne l’ai jamais vue. J’ai eu affaire à sa fille - enfin, je le crois - les deux fois où je suis entré dans ce magasin, il y a une bonne année de ça, quand j’ai accompagné ma petite sœur qui ne voulait pas y aller seule. J’ai pu constater qu’il y avait un certain choix, et même des choses dont j’ignorais l’existence…
Nella est toute rouge quand nous entrons dans la sombre boutique de lingerie. Personne au comptoir. Elle lâche ma main pour aller fureter un peu partout. Moi je reste sur place, levant les yeux pour examiner les lieux. D’un coup, j’entends une voix me demander :
— Mademoiselle, Monsieur, bonjour. C’est pour quoi, je vous prie ?
— Ah euh… Bonjour… C’est pour la demoiselle qui aimerait un bustier… disons… présentable à l’extérieur.
— Est-ce bien ce que vous désirez, Mademoiselle ?
Entre-temps, Nella s’est approchée. Elle confirme d’une toute petite voix. La vieille dame la scrute de haut en bas, j’ai l’impression qu’elle lui fait subir un scanner aux rayons X. Puis, de sa démarche hésitante, elle s’enfonce dans l’arrière-boutique. Elle revient peu après, les bras encombrés de deux grosses boîtes ...