1. Galettes et autostop


    Datte: 14/05/2019, Catégories: ffh, nonéro, délire, merveilleu, Humour Auteur: Gufti Shank, Source: Revebebe

    ... coupé la théière et son habitant forcené ; en nous asseyant, nous pûmes constater que l’ignoble parfum de jasmin ne prenait que difficilement le dessus sur celui, subtil et délicat, du rendu de Pandore. Quant à la monstrueuse bazoukoline, elle trônait toujours à l’arrière, laide, tâchée et puante.
    
    — Fais-moi disparaître ça immédiatement ! ordonnai-je à Bazouk en désignant son invention musicoïde.
    
    Il dut se rendre compte que j’étais passablement agacé, car il ne tenta pas de négocier la survie de sa créature à cordes.
    
    — À tes ordres, dit-il simplement.
    
    Il claqua des doigts ; il y eut un petit éclair ; et nous tombâmes soudain tous cinq, les filles, la théière, la bazoukoline et moi, de quelques dizaines de centimètres pour nous échouer tristement sur le cul au bord de la route. Cet abruti avait fait disparaître la voiture !
    
    Dans un mouvement de colère enragée, j’attrapai le premier truc à ma portée, donc l’abjecte bazoukoline, pour frapper de toutes mes forces la théière et son locataire. Quelques lambeaux de peaux séchées volèrent au passage de l’espèce de chou déshydraté musical, et comme j’assénai un grand coup sur Bazouk, celui-ci parut soudain être aspiré vers le bas. Mon gourdin à musique trembla et résonna curieusement lorsqu’il s’abattit sur la théière dans un grand bruit, semblable à celui que produirait un gong fendu accompagné d’un orchestre symphonique désaccordé. La résidence de Bazouk voltigea quelques secondes et rebondit deux mètres plus ...
    ... loin avant de s’immobiliser sur le bord de la route.
    
    Et c’est seulement alors que je réalisai que mon génie avait disparu.
    
    — Qu’as-tu fait de Bazouk, mon Gufti adoré ? me demanda Pandore, qui se relevait en frottant son derrière endolori.
    — Je sais pas trop… Visiblement, il est rentré dans sa théière…
    
    Je me relevai à mon tour. Moi aussi, j’avais bien mal au coccyx. Quelle andouille, quand même, ce djinn ! Heureusement qu’il allait enfin nous foutre la paix !
    
    Bon, le problème, c’est qu’on n’avait plus de voiture… C’est con, elle était bien… J’allai malgré tout ramasser la théière, en prenant bien soin de ne pas la frotter. J’étais bien content car on allait enfin être débarrassé de Bazouk, mais pas totalement satisfait car je ne comprenais pas précisément ce qui l’avait fait rentrer au fond de son bocal. Je ramassai aussi la bazoukoline, partiellement dans le but de ne pas polluer la campagne, mais aussi parce que je me demandais si elle n’avait pas joué un rôle dans le ré-emprisonnement de mon génie.
    
    — Bon, les filles, qu’est-ce qu’on fait ? On n’a plus de bagnole, on est à quinze bornes de chez moi et autant de la ville. Et comme vous avez pu le constater, y a pas grand monde qui passe par ici.
    
    En effet, nous n’avions pas vu le moindre véhicule durant tout le grand one-man-show de Bazouk, et fort heureusement, d’ailleurs… Azura haussa les épaules ; Pandore se contenta de resserrer son peignoir, elle grelottait de toutes ses forces. J’allai lui masser ...
«1...345...»