1. Galettes et autostop


    Datte: 14/05/2019, Catégories: ffh, nonéro, délire, merveilleu, Humour Auteur: Gufti Shank, Source: Revebebe

    ... montres avec ta théière ! Et puis de toute façon, la voiture ferme pas à clé et, à mon avis, elle risque de susciter la convoitise. Tu devras veiller à ce que personne ne s’en empare.
    — Mais je pense que…
    — On s’en fout !
    
    Machinalement, je tendis la main vers l’endroit où aurait dû se trouver l’autoradio ; mais il n’y en avait évidemment pas. J’en fis la remarque à mon djinn :
    
    — Tu as oublié de mettre un autoradio, mon petit Bazouk…
    — Attends, je vais arranger ça, me rétorqua-t-il, hardiment.
    — Pas de blague, hein ! À cette vitesse, ça ne pardonnerait sans doute pas…
    — Aie confiance… miaula-t-il, armé de son sourire glaiseux.
    
    Inquiet malgré tout, je commençai par ralentir et rétrograder jusqu’en seconde, tandis que mon génie se concentrait âprement. Il y eut un rapide éclair, un petit peu de fumée ; pourtant sur le qui-vive, je ne parvins pas à éviter une petite embardée, heureusement sans gravité. Dans un réflexe, j’engueulai Bazouk, avant de constater avec désarroi qu’il venait de faire apparaître devant lui ce qui devait être une sorte d’instrument de musique probablement vaguement parent d’une mandoline, et apparemment partiellement conçu grâce à de petites peaux de bêtes séchées superposées pour donner un ensemble parfaitement abject.
    
    — Et tu as l’intention de nous jouer de ça, peut-être ?
    — Non, me rassura-t-il, j’en serais bien incapable. Mais je suis sûr qu’Azura pourra nous en jouer.
    — J’espère quand même que le son est meilleur que ...
    ... l’image…
    
    Et, perdant un bout de peau par-ci par-là, l’ustensile sonore voleta doucement jusqu’à la banquette arrière où les deux jeune femmes verdissaient encore. Avec inquiétude, elles regardèrent arriver la bazoukoline ; mais c’en fut trop pour Pandore : avec le bruit et l’odeur d’une canalisation qui se débouche après plusieurs années d’engorgement, elle projeta vivement devant elle un impressionnant substrat de poulet rôti prédigéré qui vint former un tas délicieusement embaumant derrière le siège de Bazouk. Je stoppai la voiture aussi vite que possible, puis me tournai pour porter assistance à la pauvre jeune femme.
    
    — Ne t’inquiète pas, Gufti, je m’occupe de tout ! s’écria soudain Bazouk.
    
    Sa création instrumentique cessa de voleter pour s’effondrer partiellement dans le magma de vomi de Pandore, qui se remettait tout juste et faisait des efforts pour ne pas foutre les pieds dedans. Bazouk lança une imprécation en direction du tas de gerbe, qui fut soudain puissamment catapulté dans la vitre de la portière d’Azura. Au même moment un abominable torchon style Louis XV apparut sur les genoux de Pandore et une fringante odeur de jasmin se répandit vigoureusement dans toute la voiture.
    
    J’étais tellement désemparé que je ne sus pas bien quoi faire. Je commençai par arrêter le moteur et ouvrir grand ma portière. Derrière moi, Azura, inquiète, regardait avec dégoût la flaque de gerbe s’écouler lentement le long de sa vitre. Pandore en remit une petite galette sur le torchon. Bazouk ...
«1234...7»