Graffiti
Datte: 14/05/2019,
Catégories:
fh,
inconnu,
uniforme,
pénétratio,
Auteur: Olaf, Source: Revebebe
... prochainement. Cette appropriation par strates de l’espace citadin est un mode de fonctionnement habituel. Avec un peu de patience, il ou elle devrait me tomber dans les mains.
* * *
Je n’ai pas besoin de planquer bien longtemps. Le lendemain soir, vers vingt-et-une heure, une moto se pointe au ralenti, lumières éteintes. Le motard cale la bécane, sort un sac en plastique de dessous le siège et se glisse discrètement jusqu’à la façade de la maison que j’observe.
Sans enlever son casque, il commence un étrange rituel, sans doute pour bien répartir les couleurs dans les bombes. Puis tout s’accélère. En un rien de temps, le contour dugraffe est dessiné. Déjà, une autre bombe crache son poison coloré.
Je tiens mon flag. D’un bond, je quitte le porche sous lequel je m’étais caché. En quelques enjambées je suis derrière le sagouin, que j’attrape par le haut du blouson.
Plutôt prêt à une réaction violente, je suis désarçonné par son attitude impassible et sa manière de m’interpeller.
— Bonsoir, pas besoin d’user de violence, je vous attendais, entends-je dire calmement derrière la visière du casque.
— Te fous pas de ma gueule ! Lâche ta bombe et montre ta tête. Et pas de geste inconsidéré ! dis-je en reculant d’un pas, histoire d’éviter toute surprise.
— À vos ordres, chef ! Sauf que vous n’êtes pas habilité à m’interpeller sur la voie publique.
Quand je disais qu’on n’avait pratiquement aucun moyen d’agir contre ces jeunes… Encore un qui connaît la loi mieux ...
... qu’un juge et qui sait qu’à part téléphoner aux flics, je suis impuissant.
Impuissant et sous le coup lorsque je vois de longs cheveux bruns entourer le visage qui émerge du casque.
Mon intuition était donc bonne : legraffeur est une fille. Et pas un thon : une belle nana, avec un sourire enjôleur et des yeux rieurs. J’essaie de prendre un ton autoritaire, histoire de lui faire comprendre que ce qu’elle fait est non seulement illégal, mais inacceptable. Face à son air narquois, je me sens néanmoins très con avant la fin de la deuxième phrase.
— C’est bon, t’as fini ta tirade ?
— Pourquoi fais-tu ça ?
— Ah, enfin une bonne question. Ça t’intéresse vraiment ? Si tu veux bien cesser de jouer le pitbull, je suis prête à t’expliquer.
— Je ne suis pas d’humeur à suivre un cours d’histoire de l’art urbain contemporain. Surtout pas après deux heures de planque au froid.
— Tu préfères me regarder finir mon tag ? Gaffe, tu risques de te faire coffrer pour incitation à rébellion ou complicité d’abus de biens publics. Si mes souvenirs sont bons, ça va chercher dans les…
— Souvenirs ?
— Aurélie, étudiante de dernière année de Droit, précise-t-elle en me tendant la main.
Cassé ! Je prends sa main. La combinaison de chaleur, de douceur et de fermeté achève d’instiller le doute en moi. Sans aucun moyen de l’empêcher de finir son œuvre, pourquoi ne pas essayer d’en percer les motivations ?
— Tu te foutais de moi en proposant de m’expliquer ?
— À ton avis ? Sauf que je ne ...