La survivante
Datte: 08/05/2019,
Catégories:
fh,
mélo,
sf,
Auteur: Hidden Side, Source: Revebebe
... raffinées de mon bunker cinq étoiles.
En général, ce genre d’endroit n’était prévu que pour les crises de courte durée, les conflits en CDD. Là-dedans, il ne devait y avoir que deux semaines de ravitaillement, un mois au mieux. Alors comment cette fille avait-elle pu survivre si longtemps ? Plus j’y réfléchissais, plus je soupçonnais qu’Eva machin-chose devait être là par hasard, quand la charge thermonucléaire avait pété. Une chance pour elle ? Pas si sûr, vu les épreuves par lesquelles elle avait du passer.
Je mordis sans appétit dans ma tartine, tout en lorgnant l’horloge. Encore deux heures, avant d’avoir un début de réponse. Peut-être…
Je ranimai la cibi endormie d’un index qui tremblait légèrement. Après quelques réglages, je tombai à nouveau sur l’appel à l’aide, bouclant sans fin sur lui-même. Mon cœur se serra. Ce message serait-il ma seule occasion d’entendre la voix de cette fille ? Poussant un long soupir, j’activai le canal vingt-sept et me lançai. Il était temps de confronter espoirs et réalités.
— Eva ? Eva Clarinsky ? Je m’appelle Alain Durieux, et je… j’ai capté votre SOS. Vous m’entendez ?
— …
Pas de réponse pour l’instant. Avec ce casque trop grand qui me chauffait les oreilles et un micro d’un autre âge niché dans ma main, je me sentais légèrement idiot. La fille ne répondrait pas, j’étais prêt à le parier. Les pensées les plus noires traversèrent mon esprit. Je l’imaginais morte, ou bien inconsciente. Peut-être m’entendait-elle mais ...
... était trop faible pour se lever et utiliser sa cibi. Cette dernière hypothèse me glaça littéralement.
— Est-ce que vous me recevez, Eva ?
— …
— Allez, ma fille. Un petit effort, répond-moi ! sifflai-je entre mes dents.
Toujours rien. Durant près d’un quart d’heure, j’alternai les invites à parler et les silences de plus en plus pesants. Frustré, tendu comme une corde de piano, je ne tenais plus en place. Je laissai encore passer cinq minutes, puis décidai de jeter l’éponge. Débranchant violemment mon casque, je me levai d’un bond et bousculai ma chaise.
— P’têt qu’elle est simplement partie pisser ! murmurai-je. C’est ça, t’as raison… Mademoiselle est en train de faire ses courses au supermarché, tant qu’on y est ?
Je savais à quel point il était injuste de diriger ma colère contre cette fille. En agissant ainsi, je cherchais quelqu’un à blâmer pour tout ce que je n’arrivais plus à supporter. J’aurais plutôt dû voir la vérité en face. Reconnaître que l’existence me pesait, que la solitude n’était supportable que parce que je me mentais à moi-même. Accepter l’idée que j’allais crever seul dans mon trou. Je savais surtout que je risquais de faire une grosse bêtise, si je ne m’orientais pas très vite vers un exutoire.
Pour ça, pas de problème ! Ça faisait des mois que j’avais trouvé ce qu’il me fallait pour me vider la tête. Je balançai mon T-shirt et mon short sur le canapé. Puis, vêtu d’un simple boxer, je grimpai sur mon vélo « d’emportement »… Je pédalai aussi ...