La survivante
Datte: 08/05/2019,
Catégories:
fh,
mélo,
sf,
Auteur: Hidden Side, Source: Revebebe
... balistiques, le couple était en route pour l’hôpital. Ils rejoignaient la cellule de crise chargée de gérer le flux continu de blessés, de cardiaques, de personnes en état de choc qui encombraient les services. La plupart de ces patients se rendaient à pied à l’hôpital, les voies de circulation étant saturées par une nuée de Franciliens cherchant désespérément à fuir Paris.
Les Clarinsky aidaient à préparer l’abri antiatomique quand une déflagration titanesque avait désintégré toutes les vitres de l’hôpital. Réagissant d’instinct, Piotr avait verrouillé le sas juste avant le déferlement de la vague de feu radioactive. Eva s’était aussitôt jetée sur la porte blindée, déchirée à l’idée d’abandonner ses collègues et ses patientes à une mort certaine.
— Eva ! Non ! C’est… c’est trop tard pour eux ! s’était interposé son mari, la prenant dans ses bras.
Il y avait cinq personnes dans l’abri avec Eva et Piotr. Robert, chef du service de cardiologie, Fabrice, un ambulancier urgentiste, deux aides-soignantes – Mathilde et Estelle – et enfin Louis, l’ouvrier d’entretien. Les rescapés avaient tout d’abord espéré l’arrivée des secours en quelques heures. Puis en quelques jours. Une semaine était passée. Le chef de service avait complètement pété les plombs, se murant dans un silence renfrogné, ne participant à aucun de leurs conciliabules.
Louis s’était imposé comme un leader naturel, prenant peu à peu l’ascendant sur la petite troupe. Sous son impulsion, ils avaient ...
... inventorié leurs réserves de nourriture et d’eau potable. Même en se rationnant, ils n’avaient pas de quoi tenir quatre mois… Ils avaient donc strictement contingenté leurs vivres, épargné l’eau, limité leurs efforts quotidiens afin de tenir jusqu’à ce que les secours les trouvent. Fabrice avait remis en état de marche une vieille cibi et ils s’étaient relayés pour tenter de capter des réponses à leurs SOS. Il y avait eu de nombreuses crises de nerf, quelques bagarres, mais Louis avait toujours maintenu le cap, insufflant l’espoir en toutes circonstances, gardant pour lui ses propres baisses de moral.
Cependant, avec les privations, leur vitalité décroissait inexorablement. Une résignation générale s’empara peu à peu des rescapés. Personne ne l’évoquait à haute voix, mais chacun apprivoisait déjà l’idée de la mort délivrance. Il ne leur restait plus qu’une semaine de vivres quand Louis les avait réunis, leur annonçant qu’il comptait tenter sa chance à l’extérieur. Les secours ne venant pas à eux, ils devaient à tout prix chercher de l’assistance hors de l’abri. Deux volontaires avaient insisté pour l’accompagner, Mathilde, l’une des aides-soignantes et Fabrice.
Piotr avait tenté de raisonner le petit groupe.
— Louis, tu as vu dans quel état sont les combinaisons !
— On n’a pas le choix. C’est notre dernière possibilité d’agir avant de… de ne plus en avoir la force.
En guise de protection antiradiation, ils disposaient en tout et pour tout de trois loques déchirées, aux ...