1. La survivante


    Datte: 08/05/2019, Catégories: fh, mélo, sf, Auteur: Hidden Side, Source: Revebebe

    ... largeur. Un enchevêtrement de carrosseries décapées par la fournaise radioactive, aux pneus explosés, aux plastiques qui avaient fondu sur l’asphalte, formant une multitude de mares noirâtres. Je quittai la chaussée pour le trottoir, plus dégagé, cherchant à occulter de mon esprit les cadavres occupant les carcasses de voitures. Je ne pus cependant m’empêcher de jeter un œil sur une 309 en travers de la voie. Deux squelettes à l’intérieur. L’un au volant, le crâne tourné sur le côté, l’autre assis à l’arrière, sur les vestiges calcinés d’un rehausseur. Une mère et son enfant… Une pointe de silex me déchira le cœur.
    
    Après vingt minutes de gymkhana, j’arrivai sans plus d’encombres devant l’hôpital Albert Chenevier. Ou plutôt, ce qu’il en restait. J’avais résisté à la tentation de rallonger en passant par Créteil Soleil, le centre commercial où j’avais perdu la trace d’Élodie et Manon. J’en avais vu assez sur le trajet pour savoir que cela ne me ferait aucun bien. Je garai le quad à l’abri d’un auvent rouillé, coupai les gaz et mis pied-à-terre. J’allais à présent entamer la partie la plus délicate de ma mission : trouver l’abri antiatomique du centre hospitalier. En croisant les doigts pour qu’il ne soit pas enseveli sous des tonnes de débris…
    
    Aujourd’hui encore, je ne sais pas exactement comment j’ai trouvé l’abri. Je ne voyais presque rien en dehors du faisceau étroit de ma torche, ricochant sur des murs lépreux, au plâtre désagrégé par les radiations et les ...
    ... intempéries. Les minutes passaient, inexorablement, tandis qu’un voile flou embuait ma visière de plexiglas. De loin en loin, j’éclairais des squelettes en blouse blanches, étalés au sol dans les positions les plus diverses. Et puis, dans un coin de couloir miraculeusement épargné, je découvris par hasard un plan du sous-sol, gravé sur un panonceau de plastique. Je connus un bref moment d’euphorie quand j’y repérai l’emplacement de l’abri.
    
    Je suivis les indications du plan d’étage, passai en courant devant les archives et me retrouvai face à une porte en acier anti-explosion, verrouillée par un volant de manœuvre. Je tambourinai un moment sur le sas en criant le prénom de la fille, avant de réaliser la futilité de mon geste. Même si deux cloisons blindées ne l’avaient pas empêchée de m’entendre, Eva Clarinsky était certainement trop faible pour venir m’ouvrir. J’empoignai le mécanisme et tournai de toutes mes forces. Le volant, faussé ou grippé, ne bougea pas d’un pouce. Je cherchai de quoi faire levier, mais ne trouvai rien qui ne tomba aussitôt en morceaux.
    
    Le plan que j’avais maraudé tout à l’heure indiquait un local technique. Je fonçai, espérant dénicher dans cette remise une pièce de métal non corrodée. Le sort m’avait à la bonne. Je tombai immédiatement sur une barre à mine, entreposée là par un ouvrier bien inspiré. À la troisième tentative, je réussis à décoincer le volant et à me glisser dans le sas de l’abri, un réduit accueillant deux douches. Après avoir refermé la ...
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