L'escalier d'Escher - Histoires de Sexe

L'escalier d'Escher

... plus, mais je peux pas te dire ce que c’était. Mais… je crois que je voudrais me sentir capable de continuer sur cette route. J’ai peur, et je ne veux pas te forcer ; je crois que j’ai besoin de toi. J’ai peur que tu me trahisses et m’abandonnes.

Val semble accuser le coup. Elle ne trouve pas de mots pour me réconforter. C’est peut-être à moi de le faire.

— J’ai besoin de temps aussi pour me reconstruire. Mais maintenant je crois, toujours si tu veux, que j’ai pas besoin d’être seule sur cette route. Mais pour faire le chemin… putain, c’est chiant cette métaphore, en fait ! Désolée.

Je m’arrête ; j’ai pas terminé ma phrase ; je ne sais pas comment dire ce que j’ai sur le cœur. Je préfère être sincère :

— J’y arrive pas Val, c’est trop dur encore. Et puis je fais que parler de moi, alors qu’on est deux. Comme si je ne te faisais pas souffrir.
— C’est rien, ma grande, c’est rien. Je suis là.
— Merci, Val. Écoute, j’aimerais… Voilà : j’ai préparé un truc en venant ici. Je sais, c’est un peu bizarre de t’annoncer ça comme ça. Tu dis non si tu veux !
— Comment je pourrais te dire non ?
— Je…

Ses mots… ça me chauffe partout.

— Ça… ça te dit un ciné, ce soir ? Et… un restau, demain soir ? Mais un vrai !
— Ah, oui ; c’est quand même bizarre, ta demande. Je m’attendais à une partouze avec des petits hommes verts. Avec des grosses bites, quand même.
— Arrête de te foutre de moi !

On a retrouvé le sourire, même si c’est un peu forcé et qu’on sait toutes les ...

... deux que c’est assez artificiel.

— Bon, promis, y aura pas de petits hommes verts, bien équipés ou pas. Par contre, comme tu as été « méchante »… (j’adoucis très très fortement le terme avec un gros clin d’œil qu’elle me rend : ouf ! Et puis, c’est surtout une façon pour moi de garder une forme de contrôle sur la situation…)
— Oui, quoi ? Tu veux quoi ? Tu vas le dire, à la fin ? Tu sais que ce sera « oui », de toute façon !
— Mais attends, petite impatiente ! Donc, ce soir, je passe te chercher chez toi après le repas…
— Tu veux pas qu’on bouffe ensemble ? On pourrait faire le restau dès ce soir ? me coupe Val.
— Non : on a dit que c’était moi qui dirigeais les opérations. Donc, on fait à ma façon.
— Évidemment, si tu préfères ne passer qu’une seule soirée avec moi au lieu de deux…
— OK, promis, je te coupe plus la parole et je te contredis plus ! Ça va me coûter cher, sinon ; je le sens !

Nos sourires ne sont plus du tout contraints, maintenant.

— C’est bien ; tu as tout compris. Mais tu mérites quand même une petite punition. Donc, comme tu as été méchante ce matin, je t’enlève deux points ; et comme tu m’as coupée tout à l’heure, je t’enlève encore un point. Enfin, comme tu m’as contredite, je te donne même pas d’explication. Mais ce soir, tu auras donc un malus de trois points. Il faudra t’en souvenir, et tu pourras pas te plaindre.
— Mais c’est quoi, ces points ?
— Ah, ah ! Là, je te tiens.

Je savoure ma petite victoire. Val sent bien qu’elle n’en ...