1. Mademoiselle Colette


    Datte: 30/04/2019, Catégories: fh, hagé, fagée, Collègues / Travail portrait, Auteur: LouVilneau, Source: Revebebe

    En lettres de deux mètres de haut, l’enseigne annonce : TRANSPORTS BENOÎT GRANPREZ. Le bâtiment est immense. Trois énormes 44 tonnes sont à quai, le long de l’entrepôt quand Laurent range sa voiture dans le « parking visiteurs » qui paraît minuscule à côté de ces « monstres ». Un peu perdu devant l’immensité des lieux, il fait un tour sur lui-même pour s’imprégner des dimensions de l’endroit.
    
    Un appel le fait se retourner :
    
    — Monsieur Laurent…
    
    Arrive vers lui un colosse, la figure barrée d’un grand sourire et qui lui fait des grands signes de la main.
    
    — P’tit Louis ! Je n’espérais pas te rencontrer si vite.
    — Ah, M’sieur Laurent, c’est vrai c’qu’on dit ? Vous allez travailler ici ?
    — Eh oui, sans doute. Si je fais l’affaire… Mais, dis-moi, comment va Claudine ?
    — Claudine, elle va bien.
    
    Dans un rire tonitruant, il poursuit en se penchant en arrière et en simulant un gros ventre avec ses mains :
    
    — Elle est même en pleine forme. On attend un bébé pour le mois prochain…
    
    Il se calme puis regarde Laurent tristement :
    
    — Mais vous ? Comment allez-vous depuis le décès de votre dame ?
    — Oh, c’est difficile, P’tit Louis, c’est difficile ! Mais le plus dur est passé. La vente de l’entreprise et le replacement de tous les employés, comme toi, m’ont bien occupé l’esprit. Et tu vois, je commençais à m’ennuyer… alors, quand Benoît est venu me chercher, je n’ai pas dit non.
    — C’est vrai qu’ici l’entreprise devient énorme et monsieur Benoît a bien besoin d’un ...
    ... sérieux coup de main. Mademoiselle Colette ne peut plus y suffire.
    — Colette Maupuits ? C’est avec elle que j’ai rendez-vous.
    — Je ne connais pas son nom de famille, mais ça ne peut être qu’elle. C’est le bras droit du patron. Nous, on n’a pratiquement affaire qu’à elle. C’est une vieille fille qui ne vit que pour l’entreprise. Une vraie peau de vache, jamais un sourire et elle ne laisse rien passer. Tout le monde la craint. Mais, c’est drôle, elle a quand même bon cœur : quand je lui ai demandé de ne plus faire l’international parce que Claudine était enceinte, elle a souri – c’était la première fois que je voyais ça – et elle m’a mis sur les livraisons en ville. C’est gentil, hein ?
    — Mmmmh ! Il va falloir que je travaille avec. Bah ! On verra bien.
    — Tiens, regardez. La voilà qui arrive.
    
    Une femme assez grande et mince, aux cheveux gris tirés en chignon strict et vêtue d’un tailleur-pantalon gris rejoint le bâtiment où un panonceau annonce « Bureaux ». Sa démarche est sèche et son visage fermé. Elle avance d’un pas pressé, sans regarder autour d’elle.
    
    — Bon, merci P’tit Louis. Je suis content de t’avoir rencontré. Et puis, félicitation pour la future naissance. Tu embrasseras Claudine de ma part, j’irai vous voir bientôt. Pour le moment, il faut que j’aille rejoindre mademoiselle Colette.
    
    – oooOOooo –
    
    – oooOOooo –
    
    — Alors, Laurent, comment s’est passée cette première semaine ?
    — Fort bien, Benoît, fort bien… Bah, je soupçonne un peu mademoiselle Colette de ...
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