Les métamorphoses du Diable
Datte: 29/04/2019,
Catégories:
historique,
Humour
fantastiqu,
merveilleu,
Auteur: Maître Secret, Source: Revebebe
... longtemps contenir les offenses. Par quel mystère aucun chevalier n’est passé au galop sur le parvis pour l’enlever et la jeter sur le col de son coursier ? Certes, le rapt n’avait que deux sanctions, la mort ou les épousailles, mais être obligé de marier pareille beauté n’avait rien d’une affligeante punition. Elle va, tempétueuse cavale à la puissante croupe, en ondoyant sur le pavé, ignorant que ses jambes de statues devront bientôt ployer sous le joug de l’étalon.
Enfin libre, il se dirige à grands pas vers la demeure de sa victime. Comme un limier, il suit sa trace. Sottement, il a oublié de découvrir son adresse en perçant sa mémoire. Heureusement, ses prodigieuses senteurs restent perceptibles malgré la débauche d’odeurs qu’exhale la cité. Malgré les remugles des tanneries, la puanteur des gorelleries et autres cuiries, les sèches exhalaisons métalliques des faveries, celles, sourdes et tenaces des filandiers, il distingue sans trop de peine le parfum de Roteberge, qui fleure bon le lilas, la violette et le benjoin. Il hume aussi les affriolants effluves de son corps. Odeurs de miel, arômes de pêche, saveurs d’épices qui enveloppent sa peau, et senteurs de musc et d’océan qui sourdent de son sexe. Le désir de Roteberge ne s’est pas éteint à mesure qu’elle s’éloignait de lui. La bite dressée et, diable, quelle bite ! - tant qu’à être Satan, autant se doter d’une verge triomphale - il ne perd pas un atome de ces vibrantes fragrances. La passion le dévore, le désir ...
... le forsène. Satan est amoureux.
Comme un chien fou qui piste la chienne en chaleur, il hume l’air pour y flairer le passage de sa proie. La cité n’est pas bien grande, le voici rapidement devant la résidence palatine de la femme désirée.
Satan est devant le palais aux belles frises où l’objet de sa convoitise a trouvé refuge. La place n’a ni tours ni remparts ni gardes en armes. Elle sera plus facile à investir que la noble dame.
Quand la portière vient annoncer à Roteberge qu’un beau seigneur, répondant au nom de Gilberte, la mande, elle sent son sang se glacer et la tête lui tourner. Loin de se contenter d’un hommage courtois, l’inconnu est venu, au mépris de toute bienséance, la relancer chez elle. Elle ne peut raisonnablement douter de ses intentions et, bien qu’elle s’en effare, elle sait déjà qu’elle n’a plus vraiment envie de résister à cet imprévisible retour du désir. Si son âme crie au scandale, tout son corps tressaille d’allégresse, et son corps, trop longtemps jugulé par la continence, vient puissamment lui rappeler les fiévreuses exigences de la chair. Une vulve démangeuse lui manifeste sans ambages combien elle souffre d’une si longue abstinence. Son âme craint encore le tentateur quand sa féminité implore l’homme. Son seul espoir, c’est que ses intentions soient honnêtes. Qu’il vienne l’enlever, ou, s’il la viole, il faut qu’elle ait droit au cadeau du matin. Ainsi font ces rustres de Francs. Cet homme, elle sait, elle le sent, n’a que faire de la ...