Les métamorphoses du Diable
Datte: 29/04/2019,
Catégories:
historique,
Humour
fantastiqu,
merveilleu,
Auteur: Maître Secret, Source: Revebebe
... vigilance de son père. En effet, si nul ne l’a déjà enlevée, c’est que son père protège jalousement la fortune de Méode, attendant qu’elle puisse échoir à ses fils.
Soudain, un doute horrible ! Il n’est pas Franc mais vient de la Bretagne océanique. Quelles sont les coutumes de ces gens-là ?
Elle n’a pas le temps de savoir si elle veut tenter de lui donner son congé ou si elle accepte de lui ouvrir sa maison que, sur les talons de la servante, il fait irruption dans ses appartements. Dieu ! Qu’il est beau, le pourfendeur de ma vertu, songe-t-elle, toute penaude de se réjouir si fort de sa totale impuissance.
Diable ! Qu’elle est bandante, la jolie Roteberge, s’alarme Lucifer, inquiet malgré lui de s’émouvoir pareillement. Il avait escompté une passade, il va écoper d’une maîtresse.
Elle a le regard qui tue, celui qui met à quia le pire des hommes.
C’est tout le problème, même les génies primordiaux perdent leur substrat quand ils se font homme. Ils endossent toutes les exaltations de leur chétive substance. Les dieux aussi. Osiris et Jésus ne souffrirent-ils pas mille morts et mille afflictions ?
La vaste pièce est richement décorée. Marbres roses et bleus bordent les murs et couvrent le sol. Ici et là, des festons de cuivre martelé rehaussent l’appareil. Deux des murs sont somptueusement ornés de grandes fresques élégiaques. Sur leur tiers supérieur, des fenêtres à pilastres laissent passer une clarté diffuse. Au fond, une portière damassée d’or et d’argent ...
... s’ouvre sur un lit de bronze couvert de coussins colorés. La chambre à coucher d’été donne sur un patio aux parterres fleuris, sagement ordonnés autour d’une fontaine ornée d’une naïade tenant une jarre d’où coule une eau vive.
Dans le simple appareil d’une beauté surprise dans son intimité, elle est encore plus belle qu’à l’église. Les cheveux sont défaits et cascadent souplement, une chasuble d’intérieur bleutée, brodée ton sur ton, a remplacé les vêtements de ville. Elle met en valeur l’azur de ses yeux. Elle est entièrement nue sous l’étoffe fine. La tunique, lâchement drapée, découvre des horizons de chair à faire damner Satan. Une épaule, une cuisse, la naissance de la gorge. Dépouillée de tout bandage, sa poitrine frémissante avoue ses somptueuses lourdeurs sous l’étoffe agitée d’un souffle précipité.
Quand elle le voit, si beau et si hardi, Roteberge est prête à défaillir. Toutes ses énergies vitales refluent vers son sexe. D’une voix mal assurée, elle voudrait le tancer, espérant puiser dans un flot de reproches la force de lui résister. L’indispensable répit pour recouvrer ses esprits.
— Sire Gilberte, je ne saurais te dire à quel point je suis mécontente de ton inconduite. Tu forces ma porte comme un soudard, au mépris des plus élémentaires convenances. Comment oses-tu faire irruption dans mes appartements sans te soucier de l’indélébile affront qui va pour toujours ternir ma réputation ? Je te le demande, que dira-t-on par la ville d’une femme qui laisse ...