Les métamorphoses du Diable
Datte: 29/04/2019,
Catégories:
historique,
Humour
fantastiqu,
merveilleu,
Auteur: Maître Secret, Source: Revebebe
... rejoindre, nue, les cheveux soigneusement brossés, le souffle court et le ventre noué. Après mille caresses et cent mille baisers, il lui avait fait découvrir les fabuleux plaisirs qu’une femme et un homme peuvent faire naître de leur amour et de leurs désirs. Pendant les six années de leur vie commune, ils avaient grisé leurs chairs de plaisirs toujours renouvelés, s’aimant sans esclandres mais d’intense façon. Par bribes, Lucifer entrevoyait des images fugaces de corps à corps frénétiques et d’étreintes audacieuses. Même le dimanche, les jours de jeûne et d’abstinence, elle n’avait pas hésité à braver l’interdit des pénitentiels pour lui dispenser ses trésors et ses étreintes. Quel péché pouvait-il y avoir à jouir de son époux et à lui rendre les félicités qu’il savait dispenser ?
Voilà trois ans, quand l’incessante guerre contre les Francs l’avait emporté, comme tant de courageux combattants aquitains, il ne lui était même pas venu à l’idée de lui chercher un remplaçant. Au contraire, elle avait choisi de consacrer son veuvage à honorer pieusement la mémoire de cet homme admirable, et ce si merveilleux amant. La crainte de n’en point trouver de semblable était peut-être pour quelque chose dans cette mortification.
C’était là un volcan assoupi qu’il fallait savoir réveiller. Roteberge, jetant un rapide coup d’œil à son voisin, est soudain surprise de lui trouver un air si familier. Nul doute, dans la lumière qui le nimbe maintenant, il ressemble à Méode.
Une ...
... évidente semblance qu’elle n’avait pas remarquée sur le coup. Son trouble grandit.
Satan sourit discrètement d’avoir si bien réussi à se donner cette trompeuse physionomie. Une métamorphose légère mais indéniable, dosée avec exactitude pour semer la confusion sans lever le soupçon. Il profite de cette première brèche pour inspirer quelques pensées lascives à cet esprit candide. Pour appuyer les divagations de Roteberge, il propage de sournois effluves masculins. L’invite est si provocante que nombre de drôlesses tournent leur regard vers cet homme fascinant. Les sens de Roteberge s’affolent et, sans même qu’elle en ait conscience, son corps répond à cet appel par de chaudes senteurs amoureuses. L’odorat démoniaque, hypertrophié comme toutes ses facultés, savoure toutes les nuances de ce bouquet de désarrois sexuels. Cent femelles désirantes répondent à l’odorant message de rut, mais l’émoi inconscient de Roteberge a une richesse d’arôme qui la distingue de toutes les femmes alentour, et qui révèle l’exceptionnelle virulence érotique de ses pulsions.
Décontenancée, Roteberge vacille. Il lui prête son bras pour qu’elle retrouve une contenance. Elle frémit à ce contact. Les feux du désir renaissent de leurs cendres quand d’intimes souvenirs viennent en multitude hanter son esprit. La belle n’a point délaissé le soutien de son bras ; au contraire, comme accablée, elle s’abandonne contre lui. La victoire se rapproche et Lucifer sent sa verge durcir. Le moment de l’estocade est ...