Les métamorphoses du Diable
Datte: 29/04/2019,
Catégories:
historique,
Humour
fantastiqu,
merveilleu,
Auteur: Maître Secret, Source: Revebebe
... veulent le retenir, il doive promettre de revenir les voir et de chacune les baiser tour à tour. Ce qu’il fit volontiers dans les années qui suivirent, car il regrettait sincèrement de ne pas les avoir toutes possédées. Et, scrupuleusement, il tint sa promesse, venant souventes fois, nuitamment, retrouver cette horde paillarde de démiurges femelles.
En route vers son destin, il ne peut s’empêcher de songer aux délices de la chair. L’interdit sexuel constitue de façon assurée un interdit que les hommes ne pourront jamais respecter, et qui les plongera nécessairement dans l’angoisse et la détresse d’une insoutenable culpabilité. Piège vicieux et méchant qui permettrait à l’Église de raffermir son emprise sur les corps et les âmes. Tous ne succomberaient pas, mais tous seraient atteints. Et ceux qui résisteraient au désir le feraient au prix de tels tourments que les péchés de l’esprit deviendraient vite plus délétères que ceux de la chair. Que de vices putrides et de turpitudes malsaines encombreraient les âmes de prêtres sans joie et sans espérance à force de privations. Oh ! l’admirable et féroce chausse-trape ! Faire un monde de pécheurs où la miséricorde de Dieu deviendrait indispensable… Dans cette mécanique infernale, une victime désignée : la femme, sanctuaire des plus voluptueux enchantements. Lucifer partageait assez le point de vue d’Asmodée sur l’indomptable extravagance de leur sensualité. Il comprenait que, logiquement, l’interdit du plaisir passerait par la ...
... soumission des femmes. C’est d’elles que venaient le désir et l’amour ; c’est contre elles que l’Église bâtirait sa puissance et sa gloire.
« Perfide et sournoise chair de femme », se mettait-elle à dire. « Fallacieux et mortel, le désir qu’en éprouve l’homme », se complaisait-elle à ressasser. La femme ne serait plus la sublime source de toute vie et de toute initiation. Adieu ! l’Isis compatissante qui ressuscite les hommes pour les guider vers la lumière. La femme deviendrait, dans la bouche cloacale de saints hommes égarés, le temple de la plus terrifiante mort, celle de l’âme. La femme est la mort, car son sexe est celui du diable, et la volupté qu’il dispense, le plus certain et le plus rapide chemin vers l’enfer, hurleraient ces terrifiants charognards, avec la fureur de leurs sens frustrés par les mortifications. Et pourtant, c’était faux. Seuls les dieux avaient fait don aux mortels du sexe et de ses flamboyants plaisirs. Lui n’avait fait qu’y initier la gentille et docile petite Ève. C’était du moins un scénario admis quoique fort éloigné de sa vérité.
Le cri terrible de saint Anselme de Cantorbéry résonnait déjà à ses oreilles épouvantées :
— Insidieuse diablesse, la femme doit nous sembler d’autant plus repoussante qu’elle est désirable, d’autant plus diabolique qu’elle est belle. Fuyez les séductions du Malin ! La femme ne recule devant rien, dans son œuvre corruptrice, elle croit que tout lui est permis. Elle ose tout ce que lui commande l’impétuosité de ...