1. Les métamorphoses du Diable


    Datte: 29/04/2019, Catégories: historique, Humour fantastiqu, merveilleu, Auteur: Maître Secret, Source: Revebebe

    ... tu es la seule. Comment peux-tu t’imaginer… D’abord, réfléchis, je n’ai pas d’autres Édens, semblables à celui-ci.
    — Allons, tu pourrais en fabriquer cent si tu le voulais.
    
    Il se tait.
    
    — Je ne suis même pas sûre que celui-ci soit le vrai…
    
    Il se tait toujours et ce silence le condamne.
    
    — Je suis étonné que tu mentes si mal, je croyais que c’était ta principale occupation.
    
    De fait, il ne saurait les compter. Il partage sa vie entre cent femmes, peut-être le double. Son silence est le pire des aveux.
    
    — Chasse-les toutes ou j’irai les égorger. Ne suis-je pas toute-puissante ?
    
    Elle pleure et il promet. Sa victoire n’arrête pas ses larmes. Bien au contraire.
    
    — Déjà trompée au matin de mes noces…
    
    Mais entre ses doigts elle regarde son amant, espérant qu’il viendra la consoler.
    
    Que les hommes sont naïfs et crédules ! Les voici enlacés dans une clairière toute moussue d’herbes et de soleil folâtre.
    
    Roteberge triomphe, rassurée sur son charme et son ascendant.
    
    Libérées, les licornes partent vite s’ébattre à quelques toises du couple. Elles semblent d’humeur aussi badine que leurs maîtres.
    
    Avant de sombrer, Roteberge a le temps de les voir s’élever dans l’azur, enlacées l’une à l’autre.
    
    La trouée est ouverte à flanc de berge. Le fleuve coule à côté d’eux dans un frais clapotis.
    
    Si des milliers d’insectes tachent la lumière en voletant autour d’eux, aucun qui pique ou qui agace.
    
    Un long baiser a tôt fait d’échauffer leur nudité. ...
    ... Roteberge oublie déjà ses rivales en sentant le priape méphitique se dresser contre son ventre. Après tout, est-ce important quand on a un infatigable amant toujours disponible ? Leurs corps et leurs étreintes ont gardé les saveurs des folies de la nuit. Odeurs lourdes, entêtantes et poisseuses qui gêneraient en d’autres moments le nez délicat de Roteberge.
    
    Mais ici, déjà jetée au sol et couchée sur le dos, elle est proprement embrochée par le membre apoplectique autant que satanique, et ces remugles obscènes ne font qu’ajouter à son trouble. Lucifer n’a pas perdu une seconde en vains préparatifs. Il la baise dans l’urgence. Mais tendrement. Très tendrement, pour qu’elle se persuade qu’elle seule compte à ses yeux. De nouveau, la houle emporte la jeune femme dans le bercement interminable de ses sacs et de ses ressacs. Ô Satan ! Divin Satan qui, à chaque coup de reins, fait d’une femme l’égale d’une déesse. C’est épouvantable d’être aussi vulnérable. À la première caresse, à la première étreinte, la voici qui s’affole et divague. Un baiser, une flatterie, l’orage s’amoncelle et pèse dans son ventre. La voici désirante, offerte sans défense à l’âpre joug du mâle. Sans autre ressource que de jeter ses hanches dans un perpétuel roulis qui accompagne ses coups de reins qui hurlent et qui harcèlent. Sa bouche a juste effleuré les seins, sa verge a légèrement toqué à la porte d’entrée et de suite elle n’est plus que désir. Elle s’est laissée tomber en arrière dans la verdure avec un ...
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