1. L'éternel recommencement


    Datte: 24/04/2019, Catégories: fh, extracon, amour, jalousie, amourpass, Auteur: Achour, Source: Revebebe

    ... mouvement qui dit assez son irritation, elle la déchire menu-menu et jette les morceaux sur la table. Rien à dire, même dans son agacement elle reste classe. Elle prend même le luxe de tirer sur la serveuse…
    
    — Le service n’est plus ce qu’il était…
    
    Sur cette note d’indiscutable jalousie, elle se dirige vers la porte. De la voir si jalouse, surmultiplie mes moyens, tous mes moyens…
    
    *
    
    Dans la rue, il nous a quand même fallu pas loin d’une heure pour tourner la page de la serveuse.
    
    Mylène m’a fait payer cher notre réconciliation.
    
    Elle se bat – se débat plutôt – sur deux plans ; d’un côté elle se comporte avec moi comme si nous étions déjà amant et maîtresse, de l’autre, derniers soubresauts de sa conscience sans doute, elle se reproche jusque d’être venue.
    
    Bien entendu, je me suis employé à répliquer sur les deux registres. J’ai même ouvert un troisième front : la courtiser sans retenue, lui dire enfin mon trop plein de compliments, de mots, de gentillesse, de sollicitude, d’à propos…
    
    C’est ainsi que, petit à petit, en surfant sur le sourire comme sur l’indignation, sur le dépit comme sur la fougue, joignant le regard au verbe, je l’ai amenée vers la voie de l’apaisement, puis de l’abandon, à commencer par sa main…
    
    Oyez, oh gens ! Regarde, oh monde ! J’ai enfin la main de Mylène dans la mienne !
    
    Je résiste bravement à l’envie de la porter à mes lèvres. Nos mains palpitent à l’unisson et ça me suffit. Cette victoire, ce triomphe, je tiens à les ...
    ... savourer sans hâte, sans me précipiter, en en goûtant pleinement chaque étape, en retenant le temps même…
    
    Le dessert que nous n’avons pas eu dans le restaurant, nous nous le sommes payé chez un glacier de l’Île Saint-Louis.
    
    J’ai mangé ma glace sans lâcher la main de Mylène. J’ai même payé d’une seule main. Puis, toujours main dans la main, j’ai acheté une baguette et nous sommes descendus sur les quais de la Seine.
    
    Canards, pigeons et oiseaux se souviennent encore sans doute de notre passage. Toute la baguette est passée. Nous avons ri beaucoup et parlé encore plus.
    
    Mylène, tout comme moi, a un trop plein de choses à me dire.
    
    Elle le fait en passant d’un sujet à l’autre, du coq à l’âne. Je me plais à être le coq ; et même l’âne, dressant tout grand mes oreilles, buvant le flot de paroles comme un assoiffé s’abreuve à une source vive.
    
    Ces lèvres d’où perlent les mots, d’où coule une rivière de sensualité, me fascinent. Mais patience… Parle, parle-moi encore, Mylène. Dis ce que tu veux, ce que tu sens, ce qui te passe par la tête.
    
    Certes, j’ai une envie folle de te demander comment tu as fait pour pouvoir me rejoindre au restaurant, mais voilà, je ne le fais pas.
    
    Que m’importent façon et moyen, puisque tu es là ! Ta seule présence à mes côtés me suffit et me comble, elle est une fin en soi et n’a besoin ni de justification ni d’explication…
    
    *
    
    Elle me l’explique, cependant.
    
    Dès midi Jean-Paul l’a appelée pour la prévenir de l’annulation du repas. Sa ...
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