1. L'éternel recommencement


    Datte: 24/04/2019, Catégories: fh, extracon, amour, jalousie, amourpass, Auteur: Achour, Source: Revebebe

    ... d’intelligent à dire, encore moins de pertinent, je me la joue à l’ahuri. J’en rajoute même.
    
    Ostensiblement, je me pince les joues, me frotte le front, les yeux, comme si je voulais me réveiller à tout prix. Je regarde ma montre.
    
    Mylène a beau être assise en face de moi, j’ai du mal à le croire. Seul avec elle, au restaurant, passage obligé en quelque sorte, antichambre du plaisir, avec cette rapidité, cette simplicité, moi qui étais prêt à attendre un, deux, voire trois ans avant un instant pareil ! Je dois rêver, ça ne peut-être que ça…
    
    — Je suis là…
    
    Je commence à me rendre à cette évidence. Mais la serveuse aussi est là. Fuyant son regard, je cherche néanmoins à deviner son attitude.
    
    Nul besoin d’aucune aptitude particulière pour voir qu’elle a rangé son amabilité dans sa poche.
    
    Elle en a beaucoup d’ailleurs, dans un gilet rayé qui lui va à ravir et qui, surtout, dessine avantageusement sa poitrine. Elle tend le menu à Mylène, l’air à la fois provocateur et agacé…
    
    — Je vous laisse choisir… On ferme dans moins d’une heure…
    
    Mylène n’en revient pas !
    
    — Mais qu’est-ce qu’elle a, celle-là ?
    
    Je me fais tout petit. Mylène me dévisage, perplexe. Je me sens gagné par la confusion, rougis sans doute.
    
    Le regard de Mylène se fait plus pesant, plus inquisiteur, ce qui ajoute à ma confusion, mon trouble… Soudain, elle écarquille les yeux puis les cligne plusieurs fois de suite, l’air soupçonneux, incrédule…
    
    Un doute semble l’assaillir. Comme pour ...
    ... lui trouver confirmation ou infirmation, elle fronce les sourcils et, en un geste lent, méfiant presque, tourne la tête et balaie la salle du regard.
    
    La serveuse n’est pas loin. Elle arrive avec la commande de Mylène. Sous le feu de son regard, je replonge ma tête dans mon assiette.
    
    Elle prend le temps de disposer les plats, hautaine, distante, donnant nettement l’impression d’accomplir une corvée.
    
    Pour finir, elle m’écrase d’un regard plein de dépit et s’en retourne à ses occupations. L’étonnement envahit le visage de Mylène…
    
    — Nonnnnnnnnn ! Excuse-moi si je tombe mal…
    
    Je la regarde. Toute l’indignation de la terre se lit sur mon visage. Je n’ai pas besoin de parler ni d’argumenter pour réfuter ce qu’elle suppose.
    
    Du reste, ma gorge est nouée, ma langue bien raide. Mais mon visage est assez éloquent.
    
    Moi, moi, Mylène, regarder quelqu’un d’autre alors que tu existes ! Moi qui ai supporté, des années durant, toutes les crétineries de ton mari rien que pour te voir de près ! MOA qui suis habité par TOA ! Si je suis dans ce restaurant, c’est pour être avec toi, même en ton absence.
    
    Ce repas, cet instant, je les ai imaginés avec toi, je les vis avec toi, et non avec cette serveuse qui… Non, quand même pas ! Chaque chose en son temps ; pour l’heure, continuons sur la voie de l’indignation, de l’abattement.
    
    Je couvre mon visage d’un voile de tristesse. Tss, tss, tss, penser ça de moi, Mylène ! Ce n’est pas grave, va, tu sais que je te pardonne, que je n’ai ...
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