La rentrée - Histoires de Sexe

La rentrée

... membres : certaines photos de couples et leur présentation correspondent à ses fantasmes.

— Maman !

Lætitia se trouve juste derrière elle. Paniquée, elle éteint l’écran. Le cœur battant, la honte aux joues et la voix chevrotante, elle se retourne :

— Viens, ma puce, je te prépare ton chocolat.

À la hâte, toute tourneboulée par ce qui s’est déroulé, elle place la table. Baptiste, son fils, arrive dans la cuisine.« Je m’occupe de mes enfants, et puis je vais vite me désinscrire. »

La journée se déroule entre sorties au parc de la Tête d’Or et saucisses-purée à la cafétéria. Son seul souhait : rentrer à la maison et en terminer avec cette pulsion ridicule.

Devant l’ordinateur, elle tape fébrilement le nom du site, insère ses identifiants. Un message se trouve dans sa boîte ; elle hésite, puis l’ouvre. Ce sont les gérants de l’établissement. Ce n’est pas un message engendré par un ordinateur lui souhaitant la bienvenue, mais une vraie missive. Le style et l’orthographe sont parfaits :

Elle pose le curseur de la souris sur « désinscrire » ; elle fouille le canapé et ressort le téléphone, compose le numéro duCarpe Diem. Une voix féminine répond, énonçant le nom du club.

— Bonsoir… Je viens de recevoir votre message, et…
— Ah, vous êtes Christianne… Enchantée de faire votre connaissance. C’est bien de nous rappeler.
— Oui, j’étais sur le point de supprimer mon inscription quand j’ai remarqué votre message.
— Oui, je comprends : vous n’avez pas le profil ...

... des femmes seules qui s’inscrivent ; c’est pour cela que je me suis permis de vous contacter. Je suppose que vous n’avez aucune expérience dans le milieu du libertinage. Il faut savoir que ce qui auparavant était un passe-temps et une philosophie de vie réservée aux nantis, est devenu un business lucratif aujourd’hui, et qu’à partir de ce moment toutes les dérives apparaissent : prostitution déguisée, drogue, blanchiment… Nous sommes maintenant confrontés à deux types d’établissements, comme dans le secteur marchand : les grandes surfaces du sexe, et les artisans, souvent des épicuriens. Nous sommes de la deuxième catégorie. Je ne veux pas vous vendre ma salade, mais nous sommes une petite structure où nous nous retrouvons plutôt entre amis. Toutes les personnes présentes à nos soirées, comme vous avez pu le visualiser sur nos photos, suivent une règle de bienséance : rien n’est forcé ; tous choisissent leurs relations, et la façon dont ils ou elles veulent les exercer, et avec qui. La liberté prime, et aucun jugement sur les personnes n’est porté. Vous pouvez passer la soirée sans que, si vous le désirez, une personne ne vous importune : nous veillons, mon compagnon et moi-même, à la bonne tenue de nos invités. Je vous conseille, si vous le désirez, que nous nous rencontrions pour vous donner un aperçu de nos activités. Il se trouve que mardi prochain nous organisons une soirée couples et trios constitués sur réservation ; il n’y aura que des habitués : c’est une opportunité ...