1. Flash-Back


    Datte: 19/04/2019, Catégories: contrainte, nonéro, sf, Auteur: Hidden Side, Source: Revebebe

    ... réinsertion de ce forcené à présent assagi, sans trop craindre de récidives. Alléluia !
    
    Quand Gatimel retrouva enfin sa liberté de mouvement, près de quatre mois s’étaient écoulés. Ce retour à la vraie vie n’avait rien à voir avec l’explosion libératrice qu’aurait pu ressentir un fringant prisonnier politique. Non, son élargissement à lui s’apparentait plus à la sortie de prison presque réticente d’un détenu grabataire blanchi sous le harnais…
    
    Pour commencer, il avait pas mal changé physiquement. Gatimel n’était plus que l’ombre du Depardieu bon vivant et bien en chair qui se reflétait dans le miroir de Mélanie quelques mois en arrière. Ne supportant plus la vision de sa nouvelle trogne - sa « rééducation » forcée avait développé chez lui une solide aversion pour toutes les surface réfléchissantes -, Gatimel avait laissé prospérer une imposante barbe qui lui mangeait tout le bas du visage, lui donnant – déjà – des airs de vagabond…
    
    Durant ces longs mois, il avait patiemment reconstitué le fil des évènements censés lui être arrivés avant que son quotidien n’implose. Dans cet étrange univers, Gatimel n’avait jamais démissionné de son job aliénant de juriste d’affaire. D’ailleurs, son couple n’avait pas résisté à la succession d’abus en tout genre qui avait fini par constituer le plus clair de son existence. Ancré dans ses mauvaises habitudes, il avait tranquillement continué sur la même pente, passant allègrement de bonnes copines en coups d’un soir… Bien ...
    ... évidemment, il n’avait jamais eu l’envie ni le temps d’écrire ne serait-ce qu’une simple nouvelle, et encore moins un des romans dont il était si fier.
    
    Flora avait profité de l’internement de son mari pour demander le divorce. Et, sans l’once d’une hésitation, le juge lui avait octroyé cette reconnaissance définitive de leur séparation de fait. La justice n’ayant pas pour habitude de prendre en compte l’avis des malades mentaux, Gatimel ne fut même pas convoqué à l’audience… Quant à Mélanie, elle coulait des jours heureux avec son psychiatre, ne se préoccupant apparemment plus du sort de l’écrivain.
    
    Sa boîte, qu’en définitive il n’avait jamais eu le courage de quitter, lui proposa royalement une reprise d’activité « aménagée et progressive ». En gros, on lui offrait d’occuper à temps plein les fonctions d’un factotum devant s’acquitter de menues tâches de livraison et de classement. Bref, un job à peine digne d’une des nombreuses secrétaires travaillant précédemment sous sa direction… Engoncé dans une fierté écarlate que, pourtant, il n’avait plus les moyens de brandir, Gatimel repoussa rageusement sa dernière chance de subsistance dans cette dimension inhospitalière.
    
    Il se réfugia tout à la fois dans la boisson et dans sa maison d’enfance, laissant se délabrer à grande vitesse le peu de vernis social qui le rattachait encore à la communauté humaine. Les rares personnes parmi ses proches à se préoccuper encore de Gatimel considéraient son attitude avec un mélange ...