Flash-Back
Datte: 19/04/2019,
Catégories:
contrainte,
nonéro,
sf,
Auteur: Hidden Side, Source: Revebebe
... faire pour accomplir cet exploit ? Le hasard lui apporte la réponse, sous la forme d’un flyer publicitaire à la gloire d’un hypnotiseur, Hilarion Savignac. Pichon se rend chez Savignac pour que celui-ci l’aider à accepter ce nouveau visage comme étant le sien…
Quoi de plus commun qu’un clochard affalé sur une paillasse de cartons décrépits, dans un recoin sombre de courette d’immeuble ? Les rares passants à lui prêter encore attention considéraient Gatimel avec une pitié de façade, sur fond de dédain bien pensant.
Quand on devient une épave, un débris d’humanité indigne d’un sourire ou d’une marque d’attention, il est ardu de conserver si peu que ce soit son amour propre… Le clodo avait fini par s’habituer à l’intolérable ; le fait que sa vie relationnelle soit aussi vide que celle d’un parcmètre ne l’affectait plus, c’était ancré dans son quotidien, inscrit dans l’ordre naturel des choses. L’espérance n’avait tout simplement plus sa place dans l’existence de Gatimel.
Sa rencontre avec Francis Pichon, en ce froid et morne lundi de mars, avait secoué Gatimel bien plus qu’il n’aurait jamais voulu l’admettre. Le comptable était bien le premier bipède en mesure de croire à son histoire… Et pour cause ! Malgré lui, Lucien Gatimel s’était surpris à entrevoir une lueur d’espoir. Mais cette flammèche avait aussitôt réveillé la douleur morale inspirée par sa propre déchéance. Habituellement, c’était à coup de « gros rouge » qu’il l’anesthésiait, cette souffrance retorse ...
... d’amputé du corps social. Mais cette fois, pour se mettre hors d’atteinte d’une nouvelle série de désillusions, il avait choisi la fuite…
La simple évocation de « sa vie d’avant » avait ramené à la surface de sa conscience plus de lambeaux de souvenirs qu’il ne pouvait en assumer. Incapable de pioncer à son aise, Gatimel se tournait et se retournait en grommelant sur son tas de vieux cartons. Malgré lui, ses pensées remontaient le fleuve de sa mémoire, à la façon de ces saumons d’Écosse obsédés par le besoin atavique de retourner sur les lieux mêmes de leur conception…
À la fin des années 90, Gatimel menait une vie parisienne de « bobo » nanti, avec femme, enfants et maîtresse. Il était alors employé dans une société de service en ingénierie informatique comme juriste-conseil ; une place éminemment bien payée. Cette existence plaisante et confortable lui convenait assez bien, même s’il sentait, de façon encore confuse, qu’il lui manquait quelque chose.
Ce ne fut qu’après une série de difficultés conjugales et professionnelles qu’il prit pleinement conscience de ne s’être jamais vraiment « réalisé ». Il décida alors d’entreprendre une psychothérapie, qu’il arrêta peu de temps après, frustré par la stagnation apparente de son inexplicable vague à l’âme.
S’ensuivit une période frénétique où Gatimel chercha à s’étourdir par la consommation d’alcool, de drogues et de sexe en quantités toujours croissantes. Il devint coutumier de ces soirées mondaines « no-limit » où l’on ...