1. 1902 - Eugénie à Paris (1)


    Datte: 14/04/2019, Catégories: Lesbienne Auteur: Orchidée, Source: Xstory

    ... parties communes au rez-de-chaussée, les alcôves à l’étage, une petite cour donnait aux pensionnaires la possibilité de prendre le soleil et de cultiver quelques légumes dans un potager.
    
    — Chacune s’occupe de sa chambre, avertit Paulette en entrant dans la troisième du côté gauche, les parties communes et la blanchisserie sont le domaine de Poupette qui veille à la propreté, voici la mienne.
    
    Eugénie entra dans la pièce agréablement meublée d’un grand lit de bois laqué, d’une armoire de rangement, d’une table et d’une chaise. Un paravent chinois dissimulait un baquet de fer près de l’indispensable bidet.
    
    — Déshabille-toi vite, incita Paulette, l’eau est encore tiède.
    
    La jeune fille laissa tomber ses vêtements sans a priori ; native d’un milieu modeste, elle avait l’habitude de faire sa toilette avec sa mère par souci d’épargner l’eau.
    
    — Oh ! s’exclama la rousse déconcertée par la nudité du corps souple sous la robe de coton. Tu ne portes rien d’autre ?
    
    — Mettre une tunique avec cette chaleur, pouffa Eugénie amusée en grimpant dans le bac, très peu pour moi. Quant à la culotte, je ne la supporte que quelques jours par mois, tu vois ce que je veux dire.
    
    Paulette apprécia le rire sincère à sa juste valeur, leur protégée se libérait enfin d’une encombrante morosité, elle entreprit de la laver avec une éponge douce.
    
    — Tu en avais besoin, ma jolie.
    
    À la porte de la chambre, Ginette flatta la main de son amie.
    
    — Tu en penses quoi ? susurra-t-elle à son ...
    ... oreille.
    
    Mary contempla les seins en forme de poire dont les tétons pointaient fièrement vers le haut dans les aréoles roses bien dessinées ; la générosité de la poitrine tranchait avec la silhouette élancée, presque fragile. Une fine toison sous le profond cratère du nombril mettait le mont de Vénus en valeur, la voyeuse tenta de percer le mystère de la petite fente close sous un duvet protecteur.
    
    — Elle est parfaite, tu as bien fait de me prévenir.
    
    — Cette fille n’a pas sa place chez moi, soupira Ginette rassurée.
    
    C’était l’époque des larges chapeaux à plume sur des silhouettes sinueuses dessinées par un corset rigide à l’excès sous des tuniques de coton préféré à la laine rugueuse, de la broderie et des volants de soie. Le tailleur-jupe débarquait d’Angleterre ; pourtant, les riches oisives lui préféraient encore les robes pastel embellies de motifs floraux inspirés de la nature, fermées au raz du cou par pruderie.
    
    — C’est magnifique ! s’extasia Eugénie le nez collé à la vitre du restaurant de renom La petite chaise. Je n’aurais jamais cru déjeuner un jour dans un tel lieu.
    
    Mary Radcliffe Barns, enchantée d’avoir répondu à l’appel de Ginette, se fendit d’un sourire maternel.
    
    — Depuis combien de temps n’as-tu pas mangé à ta faim ? pouffa-t-elle, insensible aux regards outragés.
    
    La générosité bourgeoise se résumait souvent à quelques pièces abandonnées avec condescendance dans l’écuelle du curé à la messe. La fin de l’office enterrait le sermon et les ...
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