1. Les amours mortes (1)


    Datte: 13/04/2019, Catégories: Inceste / Tabou Auteur: Anthynéa, Source: Xstory

    Un point bleu dansait sur l’horizon. L’écume de mer venait battre la frange de sable blond aux pieds du jeune homme. Dans l’eau, le bouchon coloré se trouvait balloté par les vagues. Depuis un instant, le jeune homme suivait des yeux la silhouette qui semblait revenir vers le rivage. Il avança un orteil audacieux dans l’eau et il songea que là-bas, la personne qui nageait était bien courageuse. Mais l’autre se rapprochait et l’eau désormais ne lui arrivait plus qu’à la ceinture. Le garçon vit un bras se lever en signe de salut.
    
    La forme était fine, svelte, et cette silhouette, il la connaissait depuis toujours.
    
    — Prépare-moi ma serviette, Evan ! Elle est un peu fraiche.
    
    — On n’a pas idée d’aller se baigner en décembre aussi… tu veux choper la mort ?
    
    — Mais arrête donc d’être aussi rabat-joie. Bon sang ! Fais au moins une fois dans ta vie un truc qui sort de l’ordinaire. Tu es toujours trop sérieux… les études, le train-train quotidien… qui c’est qui m’a fichu un fils pareil ?
    
    — … !
    
    Evan, vingt ans depuis octobre avait haussé les épaules. Quand Enora lui avait dit qu’elle allait faire un tour sur la plage, il avait été surpris. Mais il avait opté pour un accompagnement calme. Elle avait son éternel sac de tissu sur l’épaule et ils avaient longuement marché. Sans un mot, avec seulement le vent marin dans la figure et quelques embruns rabattus par quelques rafales plus violentes. Le ciel avait une couleur d’hiver. Pour les deux-là qui se baladaient le long ...
    ... de la grève, c’était la couleur des souvenirs.
    
    Le père de Evan était marin. Il avait quitté le port un matin pareil à celui-ci et son chalutier n’était jamais rentré au port. Sur Yann la mer s’était refermée pour toujours et les pleurs d’Enora n’y avaient rien changé. Pour Evan, les souvenirs qu’il gardait de cet homme toujours absent et pas très câlin, s’étaient estompés au fil des années. À cinq ans on oublie jusqu’aux traits d’un visage, même si on l’a aimé vraiment. Il ne gardait de celui qui ne rentrerait plus à la maison une seule image. Celle de ce père assis au bout de la table et de sa bouteille.
    
    Il n’avait jamais vraiment connu ce père qui naviguait, pêcheur en mer et gueulard à chaque retour. Finalement cette disparition avait rendu sa mère un peu moins pauvre, et leur vieille maison de granit bien moins agitée, enfin… il y avait eu moins de cris et de scènes de ménage. La peine, s’il en avait eu alors qu’il n’était encore qu’un gamin, avait rapidement fui. Au point de ne plus retrouver dans son esprit l’image de ce papa qui ne reviendrait jamais. Sans doute que pour sa mère, c’était différent.
    
    Et aujourd’hui, c’était le jour anniversaire de ce non-retour. Alors fidèle à il ne savait quelle promesse peut-être, elle revenait sur la plage chaque année, ce jour-là seulement. Chaque fois elle allait nager une heure durant, dans une eau froide de cette mer bretonne qui lui avait volé l’amour de sa vie. Pas tout à fait non plus ! Il lui restait ce môme qui en ...
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