Si tu savais...
Datte: 10/04/2019,
Catégories:
fh,
policier,
Auteur: Libero, Source: Revebebe
Athènes au mois de juillet, c’est presque les portes de l’enfer. Je sors de l’immeuble où se trouve mon bureau et pénètre sur la place Singdagma. Une chaleur étouffante et lourde assaille mon corps et mon esprit ! Ce n’est pas possible ! Ce n’est pas humain, une chaleur pareille ! Il doit faire 45° à l’ombre ; malgré mon habitude des pays chauds, c’est vraiment insupportable. Il est six heures de l’après-midi et il est temps de retrouver mon chez moi où m’attend le miracle de la climatisation. Mais avant, il faut que je récupère ma voiture ; le garage se trouve quelques rues plus loin.
Deux types me suivent, j’en suis sûr ! Ils changent de rue à chaque fois comme moi ; que me veulent-ils ? Ils se rapprochent, ils vont m’aborder…
— Monsieur Julien Druon ?
Ce sont des Français : pas d’accent. Sûrement des clients !
— Oui, c’est moi.
— Vous travaillez pour Grecorama ?
— Euh, oui. Vous êtes des clients ? Vous avez besoin d’aide ?
— Non : je crois que c’est vous qui allez être notre client. Marc Druon, c’est votre frère ?
Mon frère Marc ! Qu’a-t-il à voir avec ces types ?
— Oui, c’est mon frère. Que se passe-t-il ?
— Vous voyez la Mercedes noire ? Venez. On y sera au frais pour parler.
Ces deux types, je ne les sens pas trop. Ce ne sont pas des touristes, ni des hommes d’affaires… Ils sont habillés comme des cadres d’entreprise ; l’un, plus jeune, doit avoir trente-cinq ans. L’autre, certainement cinquante.
— Non ! Je ne rentre pas dans une voiture ...
... avec vous.
— Écoutez, Julien, nous sommes de la police française ; je vous propose de venir avec nous au consulat de l’avenue Constantinou : c’est juste derrière nous.
— Bon, OK : au consulat, je veux bien.
La panique me prend, comme toujours avec la police. Ce n’est pas pour des clients, comme cela m’arrive quelquefois ; cela a à voir avec mon frère, j’en suis sûr. Toujours à se mettre dans le pétrin…
— Il est arrivé quelque chose à Marc ?
— Venez, on va vous expliquer.
Nous entrons dans le consulat, où je me rends quelquefois pour des problèmes de papiers volés à des clients. Je salue quelques têtes que je connais ; ça me rassure un peu. Nous nous installons dans une petite pièce. On nous apporte des bouteilles d’eau.
— Que fait la police française à Athènes ?
— Monsieur Druon, nous sommes de la DGSE, service de renseignements extérieurs ; je suis le commandant M. et voici le lieutenant P.
— Des 007, ou plutôt des OSS 117, quoi. Que me voulez-vous ?
— Julien, on n’est pas là pour rigoler !
Ils me montrent une photo.
— C’est votre frère ?
— Oui, Marc.
— Votre frère, il a fait une belle connerie ; il est en détention provisoire depuis hier. Vous saviez qu’il vend de l’ecstasy à grande échelle ?
L’imbécile ! Je savais qu’il trempait dans quelque chose de louche, avec ses goûts bling-bling, sa Rolex, sa Maserati et ses copines blondes décolorées. Un comptable, ça ne gagne pas autant d’argent…
— Non. Je ne sais rien, moi ; je suis à Athènes depuis ...