Les pensées d'autrui
Datte: 06/04/2019,
Catégories:
fh,
couple,
médical,
Oral
fantastiqu,
h+medical,
Auteur: Louvilneau, Source: Revebebe
... m’endors…
C’est le raffut d’une machine de nettoyage dans le couloir qui me sort du sommeil. Il fait déjà plein jour – c’est vrai, j’ai oublié de dire que l’on était au mois de mai –, il est donc plus de 6 h. Je n’ai pas vu la nuit passer.
Je me réveille l’esprit clair et j’ai l’impression d’être en pleine forme ; les événements de la veille me semblent lointains et j’ai du mal à y croire…
Après le nettoyage du couloir, c’est le chariot du petit déjeuner. Je m’assois tout seul, sans problème, bien calé avec mon oreiller. Avec beaucoup de patience j’arrive à beurrer les deux biscottes que l’on m’a servies et à répartir la confiture de fraise du petit pot en plastique sans en mettre partout. J’avale le tout avec un énorme appétit. Le café me semble délicieux.
On débarrasse, je me rallonge. Humm ! Je me sens bien…
Mais je gamberge, j’ai de plus en plus de mal à croire aux sensations que j’ai eues hier : certainement des hallucinations dues à l’anesthésie. De toute façon, c’est impossible ! La transmission de pensées n’existe pas, ça se saurait !
Toc ! Toc ! Deux jeunes femmes en blouse blanche. Pas de fantasme, elles ont bien des sous-vêtements !
— Bonjour monsieur. Température, tension (grand sourire plaqué). Vous avez bien dormi ?
Sans attendre ma réponse, on me met au bras le garrot gonflable du tensiomètre et, dans l’oreille, une sorte de téléphone portable : le thermomètre. Ça gonfle, ça clique, ça bipe…
— 36,9 et 12-8. C’est très bien monsieur, ...
... vous vous portez comme un jeune homme…
Et elles repartent, le sourire toujours collé aux lèvres. À aucun moment l’une ou l’autre ne m’a touché. Je reste dans l’expectative…
Zut ! J’ai oublié de leur demander si je pouvais me lever. Il faudrait que j’aille aux toilettes. Hier Sophie m’a passé un urinal. Il est là, à côté du lit mais ce matin, ce n’est pas vraiment ce qu’il me faut. Ça me gêne de sonner pour demander le bassin, alors que je me sens très bien.
Tant pis, je me lève. J’essaie de rester bien détendu, de n’avoir que des gestes lents.
Je porte une sorte de chemise en non-tissé bleu, ouverte dans le dos. En dessous, je suis totalement nu, c’est bien pratique pour les toilettes ! Mais pas très seyant pour recevoir des dames…
Je n’ai pas présumé de mes forces. Tout se passe bien. J’en profite pour me passer un peu d’eau sur la figure et pour me coiffer.
Et c’est tout frais que je retourne dans mon lit.
Le problème à l’hôpital, c’est de passer le temps. La télé, non, vraiment pas ; surtout le matin ! Il n’y a pas de radio dans la chambre et je n’ai rien à lire… Il va falloir que je téléphone à Sophie de me rapporter un ou deux polars et quelques revues…
On frappe. C’est Emmanuelle avec l’une des deux jeunes femmes de tout à l’heure qui tire un chariot couvert de boîtes et de flacons :
— Bonjour monsieur Debucq. On vient refaire votre pansement. Oh, je vois que vous vous êtes levé… Vous n’êtes pas sérieux !
Je lui explique mon embarras de tout ...