1. Nuit sous un pont


    Datte: 30/03/2019, Catégories: fh, prost, jardin, Oral nopéné, Auteur: Teddy_bear, Source: Revebebe

    Je marchais à travers l’obscurité, éclairée par les lumières nocturnes, fendant la brume d’un pas vif, et faisais semblant de ne pas savoir où mes pas me dirigeaient. Mes mains gantées serraient mon blouson contre moi, essayant de préserver mon corps du froid qui transformait mon souffle en buée.
    
    La rue était calme, à cette heure où même dealers et malfrats doivent dormir, et je n’avais croisé en tout et pour tout qu’un chat errant. Noir, évidemment. À la lumière du jour, je ne suis pas superstitieux, mais alors que les minutes semblaient s’étirer sous le poids de la nuit, je ne pouvais m’empêcher d’associer cet animal à un mauvais présage.
    
    Les bruits de la ville m’accompagnaient, au loin, parfois la sirène d’une ambulance ou un grondement de moteur, et les odeurs aussi. Restes de poubelles et jets d’urine, je dois dire que je ne traversais guère le plus beau quartier de la ville, depuis plus d’une heure que je parcourais les trottoirs, mais citadin depuis toujours tout cela ne m’incommodait plus vraiment.
    
    J’atteignis finalement un petit parc, à peine quelques parcelles d’herbes et de jeux pour enfant, où je m’assis sur le premier banc pour récupérer mon souffle. La marche ne m’avait pas fatigué, mais l’énormité de ce que j’étais en train de faire avait fini par littéralement me couper le souffle.
    
    Pourquoi me trouvais-je là, au beau milieu de la nuit, assis au milieu d’un parc dans un quartier crasseux ?
    
    Je retirai mon bonnet et me penchai vers l’arrière, les ...
    ... yeux vers le ciel et les mains dans les cheveux, espérant que l’air froid que j’inspirais à grandes goulées pourrait me calmer.
    
    Je savais exactement pourquoi j’étais là, ce soir. J’étais venu pour elle.
    
    Je savais qu’elle attendait, à peine quelques dizaines de mètres plus loin et pourtant si loin. De mon banc, je pouvais voir les rambardes du pont que je connaissais par cœur, ce pont qui avait fini par faire partie de ma routine presque journalière. Je l’avais vue là pour la première fois deux semaines auparavant, deux semaines pendant lesquelles elle avait progressivement envahi mes pensées et mes nuits, au point de m’empêcher de dormir et de me pousser dans la rue.
    
    Je regardai rapidement ma montre. Merde. Je devais me décider maintenant, ou ce serait bientôt trop tard.
    
    Je me relevai après avoir remis mon bonnet, les mains dans les poches, et sautillai légèrement sur place pour réchauffer mes membres engourdis, avant de m’élancer dans sa direction, sans plus réfléchir. J’enjambai la barrière ceinturant le parc, et descendis la pente de terre, délogeant quelques cailloux au passage.
    
    Lorsque j’atteignis le bitume en contrebas, je portai mon regard vers l’ombre épaisse projetée par le pont, à une dizaine de mètres. Quelques secondes plus tard, après que mes yeux se furent habitués à l’absence de lumière, je la vis, debout à proximité d’un des piliers soutenant la masse de béton et de fer qui la surplombait.
    
    Elle était exactement comme je l’imaginais, seule dans ...
«1234...»