1. La queue du lion


    Datte: 29/03/2019, Catégories: fh, couleurs, vacances, forêt, pénétratio, Humour Auteur: Mia Enon, Source: Revebebe

    ... moulins, ou plutôt par-dessus les sacs de riz de sa réserve, avec qui a l’heur de lui plaire. À évoquer toutes ces turpitudes, Hans est manifestement à l’étroit dans son pantalon et au bord de l’apoplexie.
    
    Me voilà prévenue : je n’ai pas affaire à un romantique Roméo, mais à un Casanova de brousse. Et je remplace King Kong par Simba dans mes rêveries de femme à jeun.
    
    §§§
    
    Je m’ennuie ferme. J’ai accompagné l’équipe en repérage dans la matinée mais malgré l’insistance d’Antoinette je suis restée au camp après le lunch, sous le prétexte de prendre des photos aux alentours, en m’attirant l’inévitable conseil d’Hans de ne pas trop m’éloigner. Je ne suis pas mécontente des quelques clichés de paysage de savane ou de groupes de zèbres et d’antilopes pris au téléobjectif. Mais l’après-midi avançant la chaleur monte et j’y renonce.
    
    Une douche me fera du bien. Je me déshabille, m’enroule dans une serviette de bain, enfile sans les lacer des tennis et me dirige vers ce que Hans et Wilson appellent pompeusement « the bath room », située comme les feuillées à quelque distance du camp.
    
    L’installation est un héritage de l’esprit de confort et du sens pratique de l’armée anglaise des Indes. La cabine est constituée d’une toile cirée tendue autour quatre hautes perches fichées dans le sol sous un immense arbre. Accrochée à une branche, une grosse poche d’eau d’où pendent deux fils de fer fixés de part et d’autre d’une pomme à douche. Vous tirez sur le fil de droite un clapet ...
    ... s’ouvre et une pluie réconfortante vous arrose. Le fil de gauche sert à refermer le clapet. Le seul inconvénient du système est pour les boys, obligés de remplir le réservoir après trois ou quatre passages.
    
    L’arbre – peut-être un baobab mais je n’y connais pas grand-chose – est le repaire d’une colonie de babouins voyeurs qui prennent manifestement plaisir à commenter les gesticulations des humains en train de savonner leur nudité. Eh bien, ils vont avoir droit à un nouveau strip-tease ! Je pénètre dans la cabine, retire ma serviette et mes chaussures que je glisse à l’extérieur à portée de main et déclenche le jet roboratif. Gros succès chez les singes. L’un d’eux se masturbe même sans vergogne. Je lui fais un pied de nez.
    
    Je suis en train de me savonner avec délice quand des cris suraigus me font lever la tête. Les babouins se disputent quelque chose que les feuilles de l’arbre cachent en partie. Une étoffe rouge et bleue. Un grand mâle plus costaud finit par s’en emparer et la brandir en signe de victoire… et je reconnais ma serviette, que ces petits saligauds m’ont bel et bien volée. Et leurs exploits ne se sont pas arrêtés là. En passant sa tête en dehors de la cabine, je m’aperçois que mes tennis aussi ont disparu. Ils doivent orner une des branches du baobab.
    
    Me voilà dans une belle situation, nue comme un ver à deux cents mètres de ma tente. Et la chère Antoinette n’est pas là pour m’aider. Je ne vais tout de même pas rester des heures sous cet arbre à attendre ...
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