La queue du lion
Datte: 29/03/2019,
Catégories:
fh,
couleurs,
vacances,
forêt,
pénétratio,
Humour
Auteur: Mia Enon, Source: Revebebe
... à mes yeux : un beau mec costaud, l’idéal pour une petite galipette sans lendemain pimentée d’exotisme. Ce genre de remarque fait bien entendu râler Antoinette. Il faut dire qu’elle est amoureuse de moi depuis le collège, même si toutes ses tentatives de me faire passer du statut d’amie à celui d’amante ont échoué. Nous en rions d’ailleurs parfois ensemble, et il existe entre nous une complicité de vieux couple. Mais rien en dessous de la ceinture : je suis résolument hétérosexuelle par pensée, par parole, par action et malheureusement en ces débuts de vacances par omission. Antoinette tablait peut-être sur l’intimité de la tente partagée pour tenter une nouvelle fois sa chance. Désolée, chérie, encore perdu.
Je croise cent fois Wilson dans la journée. L’occasion d’une joute des regards qui tardent un peu trop à se détourner, de sourires esquissés, et pour Wilson de contempler tout son saoul ma croupe quand je m’éloigne. Je le gratifie de temps en temps dans ces cas-là d’un petit balancement des hanches, histoire de faire monter sa température. Bref, ça ne dépasse pas le niveau d’un préflirt d’adolescents. Mais ma curiosité est piquée et je me sers d’Hans pour avoir plus d’informations sur mon Roméo de brousse, en particulier sur l’origine de ses balafres.
Les griffes d’un lion, bigre, rien que ça ! D’après notre guide le lion est à la fois l’animal totem de la tribu de Wilson et celui que doivent affronter à l’arme blanche les jeunes guerriers pour prouver leur ...
... courage. En fait cette coutume est en voie de disparition, le lion étant une espèce protégée. La plupart des scarifications que les Noirs arborent aujourd’hui au visage ont été faites au rasoir. Mais celles de Wilson sont authentiques. Il a affronté un jeune mâle à la lance et au poignard comme au bon vieux temps, ce qui lui a valu outre ses cicatrices trois mois de prison quand les autorités l’ont appris. La superstition locale veut que l’âme du lion défunt soit passée dans la sienne. Du coup les indigènes l’ont rebaptisé Simba, le lion en swahili, ce qui lui vaut paraît-il un grand prestige auprès des dames locales et de quelques touristes de passage, malgré ses deux épouses et leur flopée d’enfants…
Une fois lancé sur le sujet de son adjoint et de ses amours, Hans est intarissable. J’apprends que notre brillant tueur de lion possède une petite boîte dans laquelle il met un caillou à chaque nouvelle conquête. Un soir de beuverie ils ont fait le décompte ensemble : trente-quatre pierres noires, trois blanches et une beige. Et comme Hans demandait des détails sur ces dernières, il a eu le droit à la description détaillée d’une grosse touriste belge qui n’a pas arrêté de rire pendant que Wilson la culbutait à l’arrière de sa Jeep et de deux hôtesses de l’air danoises qui ont profité d’une escale pour suivre un safari et se le partager équitablement sous leur tente. Quant à la pierre beige, elle évoque la femme de l’épicier hindou du bourg voisin qui jette son sari par-dessus les ...